Les voleurs et les pickpockets n’ont peur de rien et font preuve d’une témérité hors du commun. Désormais, leurs victimes ils ne les guettent plus dans les arrêts de bus au milieu des bousculades mais ils vont chez elles pour s’en occuper ! Ci-après un cas qui s’est produit en juillet dernier à Bou-Ismaïl.
C’est le mois de juillet. Il fait très chaud. Plus chaud que les mois de juillet de ces dix dernières années estiment ceux qui s’en souviennent. Djamila (28 ans) venait d’accoucher d’un petit garçon et elle est heureuse. Salem est heureux aussi mais il avait demandé à sa femme d’aller dormir dans un autre pièce en raison des cris intempestifs du bébé qui n’arrêtaient pas de le réveiller à toute heure de la nuit alors que le lendemain il devait sortir très tôt pour se rendre à son travail.
Cette nuit-là, il faisait si chaud que Salem n’avait pas pu dormir. Il était bientôt 2 h du matin alors que d’habitude à 23h il était déjà en train de ronfler. Soudain, il entendit un cri provenant de la chambre du fond du couloir qu’occupaient Djamila et leur bébé. Dans un premier temps, le brave père de famille se dit que le festival des hurlements nocturnes allait commencer. Mais il se redressa aussitôt parce que le cri qu’il était en train d’entendre et qui n’avait pas l’air de vouloir s’arrêter n’émanait pas de son fils mais de sa femme. Il sentit une indicible frayeur élire domicile dans sa tête et envahir le reste de son corps en une fraction de seconde. Il avait dû arriver quelque chose de grave au bébé. Il se leva et courut pieds nus vers la chambre de sa femme. Avant d’y arriver, il vit un jeune homme en sortir ! Mais c’est quoi cette histoire ? se demanda-t-il. Que faisait ce type dans la chambre de sa femme et son bébé ?
Sa femme, tout en continuant à hurler lui répondit :
-Des voleurs sont entrés chez nous ! Des voleurs sont entrés chez nous !
En entendant sa femme parler de voleurs au pluriel, Salem prit peur. De constitution plutôt forte et robuste, il aurait pu venir à bout d’un homme aussi fort soit-il mais il ne pourrait pas se battre contre deux, surtout qu’ils devaient avoir des couteaux. Alors, il se mit à hurler à son tour pour réveiller ses voisins, tout en courant derrière le malfaiteur qui s’était dirigé vers la cuisine. Là, il monta sur un tabouret dans le but de sortir par la lucarne qui lui avait permis d’entrer dans la maison. Mais avant même qu’il ait pu s’en aller, Salem le retint par un de ses pieds et le fit descendre du tabouret. C’était un jeune qui ne devait pas avoir plus de 25 ans. Salem, lui tordit le bras, tout en continuant à hurler pour solliciter l’aide de ses voisins. Mais personne ne se manifesta. Finalement, c’est un des fils de Salem, âgé de 13 ans, qui arriva armé d’un balai. Son père lui demanda d’appeler la police après lui avoir indiqué son numéro.
Dix minutes plus tard, quatre policiers arrivent chez Salem. Le voleur fut menotté et ce n’est qu’à ce moment là qu’on trouva, dans ses poches, les produits de son expédition nocturne : deux téléphones portables, une montre de luxe et quelques billets de 1.000 DA.
Djamila apparut en larmes avec la nuque endolorie qu’elle n’arrêtait pas de palper. Dès qu’elle eut vu les regards se poser sur elle, elle expliqua :
- Il a voulu m’arracher ma chaîne en or… il a failli m’étrangler.
Les quatre policiers se regardèrent, incrédules et stupéfaits. L’un d’eux ne put s’empêcher de lâcher d’une voix hachée par l’émotion :
- Maintenant les pauvres gens n’ont plus besoin de sortir pour se faire voler ; les voleurs leur facilitent les choses ; ils viennent à domicile !
Jugé il y a un peu plus d’une semaine au tribunal de Koléa, dix ans de prison ferme ont été requis contre le voleur qui finalement avait agi seul.
Après délibérations, il fut condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 50 millions de centimes.