Le Midi Libre - entretien - Une chatte conduit trois femmes au tribunal
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Un animal à problèmes
Une chatte conduit trois femmes au tribunal
21 Juin 2012

Cela semble incroyable ; c’est pourtant ce qui s’est passé récemment dans un des quartiers de la capitale.

Deux mères de famille, Zohra et Rabéa, âgées entre 32 et 36 ans, entretiennent une chatte. Elles la lavent et la nourrissent à tour de rôle et la petite créature en contrepartie donne la chasse à toutes les petites souris qui osent s’aventurer dans leurs appartements. Cette cohabitation en bonne intelligence aurait pu durer très longtemps mais il était dit qu’elle serait écourtée par une situation inattendue. Fayçal le fils cadet de Rabéa, âgé de quatre ans, se mit à souffrir de maux qu’il ignorait jusque-là. Et quand sa mère l’eut emmené chez un médecin, celui-ci après une consultation minutieuse, se gratta le menton, signe d’une profonde réflexion.
- Apparemment votre fils est en bonne sante, madame.
- Oh ! non, docteur, j’aurais voulu partager votre optimisme mais Fayçal est malade. Il faut le voir lorsqu’il se met à éternuer : cela dure parfois deux bonnes minutes, sans qu’il n’ait le temps de reprendre son souffle.
- Oui, j’ai compris, madame… j’ai compris que cela puisse vous inquiéter mais je vous assure que votre fils n’a rien de grave. Ce qu’il a ressemble à une allergie… le plus difficile serait peut-être de déterminer la cause ou les causes de cette allergie. Commençons par l’hypothèse la plus simple et qui nous vient d’emblée à l’esprit : est-ce que vous avez à la maison des oiseaux, des chats… ?
- Nous avons une chatte… et il a l’habitude de jouer avec elle.
- Ah ! nous y voilà… il y a de fortes chances que son allergie soit due à sa proximité avec cette bête.
Après un bon moment de réflexion, le médecin suggéra :
- Avant de donner de donner des médicaments à ce petit, je préfère tenter une expérience…
- Une expérience, docteur ? s’écria la mère de famille, effrayée.
- Rassurez-vous, madame, il s’agit d’une expérience inoffensive. Elle consiste à tenir cette chatte éloignée de votre fils pendant quelque temps et nous verrons si ses maladies comme vous les appelez persisteront.
- Oh ! ça c’est facile… Elle restera pendant une semaine ou deux chez Zohra, ma voisine de palier.
- Si elle a des enfants, cela risque leur porter préjudice.
- Ma voisine et moi accueillons cette chatte à tour de rôle et ses enfants n’ont pas l’air d’en souffrir.
- Dieu merci… mais il faut que les gens sachent qu’il faut avoir beaucoup d’espace pour accueillir un animal de compagnie comme un chat ou un chien. Il faut avoir une villa par exemple. Avoir un animal dans un appartement, c’est plus que de l’inconscience. Mais une inconscience qui s’explique : on ignore généralement que les animaux sont porteurs de maladies et de germes que nous ne connaissons pas.
Quelques jours après avoir éloigné la chatte de la maison, les symptômes qui avaient empoisonné la vie de Fayçal disparurent comme par miracle. Le médecin avait raison : ses tourments n’étaient dus qu’à une banale allergie. La brave mère de famille en parla à sa voisine et celle-ci s’exclama :
- Oh ! si les chats sont capables de donner des maladies aux enfants, moi, je ne veux plus de cette chatte chez moi.
- Oh ! mais pour moi elle fait toujours partie de la famille, l’interrompit Zohra… c’est pour cela que nous allons lui réserver un espace rien que pour elle au dernier étage.
- Au dernier étage ? répéta Rabéa, songeuse. Oui, ce serait bien. Ainsi nous pourrons nous occuper d’elle comme avant et sans que nous exposions nos enfants aux maladies dont elle peut être porteuse !
Et c’est ainsi que la brave petite chatte fut installée au dernier étage d’un immeuble qui n’en compte que cinq.
Mais cette solution était loin d’être bonne. Au dernier étage habitait Mériem, une femme divorcée d’une quarantaine d’années qui vivait seule. Elle n’était pas particulièrement hostile envers la petite créature, mais quand elle eut vu des chats monter jusqu’au dernier étage et se bagarrer pour s’offrir ses charmes, la vie devint impossible. Armée d’un balai et d’un tuyau à gaz de deux mètres, elle entreprit de chasser la chatte et ses nombreux prétendants.
Et c’est au second étage où Zohra et Mériem habitaient qu’eut l’altercation entre les trois femmes. Les deux mères de famille traitèrent de tous les noms la jeune divorcée et cette dernière leur répliqua par des termes d’une incroyable crudité. Une fois que chacune eut épuisé son registre d’insultes et d’insanités, elles rentrèrent chez elles. Zohra et Rabéa promirent de tout mettre en œuvre pour que la chatte réintègre son refuge du dernier étage et Mériem promit de l’étriper si jamais elle la retrouvait devant sa porte.
Zohra et Mériem ayant d’autres… chats à fouetter décidèrent d’ester en justice la voisine du dernière étage pour injures et menaces.
Et c’est ainsi qu’il y a une semaine, les trois femmes s’étaient retrouvées au tribunal d’Abane Ramdane.
Après avoir entendu les explications de chacune des plaignantes, le procès fut reporté pour la semaine suivante.

Par : kamel Aziouali

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