Le Midi Libre - entretien - Un berger à l’affût
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Vol de bétail
Un berger à l’affût
16 Fevrier 2012

Dès qu’Abderrahamane se fut levé, la première chose qu’il fit fut de compter son troupeau de moutons et de brebis.

Quand il eut fini de compter, il tomba à genoux et se mit à pleurer.
- Oh ! Mon Dieu ! ce n’est pas à un voleur que j’ai affaire mais à un djinn.
Sa femme arriva en courant :
- Qu’est- ce que tu as Abderrahamane ?
- Deux moutons ont encore disparu ! A ce rythme-là, dans un mois toutes nos bêtes auront disparu !
- Va voir la gendarmerie…
- La gendarmerie n’est pas une entreprise de gardiennage… Les gendarmes effectuent des rondes nocturnes, procèdent à des vérifications d’identité inopinées et interviennent quand il y a un délit…
- Mais là il y a un délit…
- Je sais... j’ai déposé plainte auprès d’eux… mais que veux-tu ? Ils sont dépassés… Ils ont autre chose à faire que de surveiller des voleurs de moutons et de brebis.
- Et nos deux chiens pourquoi ils n’ont pas aboyé ?
- Parce qu’ils étaient occupés à manger les deux gigots que le voleur leur lance à chaque fois.
- Ah ! il est malin ce voleur…
- Je ne te le fais pas dire…
- Il me vient une idée Abderrahamane
- Laquelle ?
- Pour que la vigilance de nos chiens ne soit pas prise en défaut par ce voleur, il faut bien les nourrir…
- Mais nous les nourrissons…
- Je fais allusion à la viande…
- Allez, ferme-là ! s’écria Abderrahamane. Non seulement je me fais voler mon troupeau et en plus je dois donner de la viande à mes chiens…de la viande que nous, nous ne mangeons pas… .je sais ce que je dois faire… je vais recruter des gardiens.
Abderrahamane paya les trois veilleurs de nuit et leur fit savoir qu’il n’avait plus besoin de leurs services.
Sa femme lui demanda dès qu’elle eut appris le départ des trois veilleurs de nuit.
- Comment fera-t-on pour surveiller le voleur ?
- C’est moi qui vais monter la garde… et cette fois-ci je m’installerai à l’intérieur de la bergerie…
- Mais Abderrahamane, il peut s’écouler des semaines avant que le voleur ne revienne…
- Tant pis pour moi… Il faut que je l’attrape et que je l’emmène à la gendarmerie…
- Mais c’est dangereux
Abderrahamane ! Il peut te tuer… Un voleur qui est sur le point de se faire attraper est capable de tout…
- Je sais…j’aurais avec moi un gourdin et une hache…
- Et s’il est plus fort que toi ?
- Ne t’en fais pas pour cela j’aurais pour moi l’avantage de l’effet de s urprise.
Abderrahamane passa dix nuits dans la bergerie sans que le voleur ne se manifeste. Et la nuit suivante alors qu’il était allongé au milieu de ses moutons tout en étant convaincu de perdre son temps parce que le voleur devait être aidé par les djinns, voilà qu’il vit entrer dans la bergerie quelqu’un. Il retint sa respiration tout en se saisissant de son gourdin posé à côté de lui. Il vit l’homme attraper un mouton, le soulever et le poser sur ses épaules puis se diriger vers la sortie. Mais avant qu’il ne franchisse le seuil de la bergerie, le voleur sentit deux douleurs aiguës au niveau du dos et des jambes. C’était Abderrahamane qui venait de le frapper avec son gourdin. Avant même qu’il ne revienne de sa surprise, il reçut un coup de tête qui l’envoya par terre. Le mouton tomba sur le dos mais se redressa aussitôt pour retourner auprès de ses congénères.
Abderrahamane se dépêcha d’attacher les mains et les pieds du voleur tout en se disant qu’il agissait seul sinon ses complices se seraient déjà manifestés. Lorsqu’il éclaira le visage du voleur, il reconnut un des trois hommes qu’il avait recrutés pour surveiller son troupeau.
Il y a quelques jours, le voleur de bétail a été jugé au tribunal de Boumerdès. Le procureur a requis contre lui 5 ans de prison et un million de dinars de dédommagement pour Abderrahamane.

Par : Kamel Aziouali

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