Un dicton, bien de chez nous, dit qu’ «il vaut mieux avoir un lion pour ennemi plutôt qu’un chien».
Pourquoi ? Pour la bonne et simple raison qu’avec un lion on ne se bat qu’une seule fois.
Quelle que soit l’issue du combat, il vous laissera tranquille pour le restant de vos jours. C’est du moins ce que disaient les Anciens lorsque le lion faisait partie de la faune du pays. Le chien en revanche est comme une punaise. Vous avez beau le chasser, il revient toujours à la charge comme s’il n’avait que vous comme préoccupation majeure.
Hakim, la quarantaine largement entamée, avait cet après-midi prévu de sortir avec sa femme et leur gosse de huit ans pour effectuer quelques achats. Il trouva au milieu du parking, où il avait l’habitude de garer sa voiture, une bande de jeunes qui n’étaient pas du quartier. Il allait leur demander ce qu’ils faisaient là quand il se ravisa parce qu’il avait reconnu parmi eux Messi, un jeune du quartier ainsi surnommé parce qu’il jouait bien au football, parait-il.
Il lui dit sur un ton ferme mais qui n’avait rien d’hostile :
- Hé ! Messi… Il n’y a pas un autre endroit meilleur que celui-ci pour toi et tes amis ?
- Où veux-tu que nous allions, aâmi Hakim ? Il n’y a que ce parking de libre…
- Mais ce parking n’est pas libre ! Il y a nos voitures…Et moi personnellement je ne suis jamais tranquille quand il y des inconnus près de ma voiture.
- Ce ne sont pas des inconnus… ce sont des copains…
- Ce sont « tes » copains, Messi !
Les jeunes gens, qui devaient avoir entre 15 et 18 ans, se sentirent vexés et s’en allèrent en marmonnant. L’un d’eux se retourna et lança avec dépit à Hakim : «Nous ne sommes pas des voleurs, aammou !»
Hakim et sa petite famille montèrent dans la voiture et s’en allèrent.
Le soir, Hakim sortit les ordures ménagères et fut tout étonné de se voir apostrophé vertement par un jeune homme qu’il n’était pas certain d’avoir déjà vu.
- Ah ! Te voilà enfin, c’est toi que je cherchais, j’aurais dû m’en douter ! On ne trouve les ordures que là où il y en a déjà.
A la faveur de la lumière jaunâtre d’un des réverbères de la cité, Hakim s’aperçut que le jeune homme ne lui était pas tout à fait inconnu. Il devait habiter les environs.
- C’est à moi que tu as parlé ainsi, jeune homme ?
- Oui.
- Mais que t’ai-je fait pour mériter autant de mépris ?
- A moi, tu n’as rien fait et tu ne peux rien faire…Je viens te voir au sujet de mon frère que tu as insulté !
- Moi, j’ai insulté ton frère ?
- Oui, Messi est mon jeune frère.
- Ah ! Tu es le frère aîné de Messi… Maintenant que tu me le dis, je constate qu’effectivement vous vous ressemblez…Cela dit, je ne lui ai pas manqué de respect. Je lui ai juste fait comprendre qu’il ne fallait pas ramener ici les jeunes des autres quartiers… Cela pourrait leur donner de vilaines idées…
- Ah ! Tu confirmes donc ce que Messi m’a dit ? Tu les as traités de voleurs, lui et ses amis. Mon frère n’est pas un voleur. C’est toi qui es un voleur !
- Hé ! Attends qu’est-ce qui te prend ? Pourquoi toute cette agressivité alors qu’il n’y a rien…
- Si, il y a quelque chose ! Tu as traité mon frère de voleur…
- Oh ! mais je ne l’ai pas traité de voleur… Au contraire… je l’aime bien ce petit… surtout avec son surnom de Messi qui lui va si bien !
- N’essaie pas de m’amadouer !
- Mais je n’essaie pas de t’amadouer…
- De toutes les manières, ça ne marche pas avec moi… Bon, assez parlé…Si tu es un homme, défends-toi !
- Que je me défende ? Tu veux que nous nous battions alors que je suis ton aîné de plus de vingt ans ?
( à suivre..)