Le Midi Libre - entretien - Comme les loups du grand Nord
Logo midi libre
Edition du 3 Octobre 2024



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Crime passionnel
Comme les loups du grand Nord
10 Novembre 2011

James Oliver Curwood, dans ses romans sur la vie des animaux du grand Nord, avait décrit avec minutie le comportement des loups qui n’hésitent pas à tuer pour s’emparer d’une femelle convoitée par un rival. Ce comportement grégaire est aussi l’apanage des humains. Sous d’autres cieux, on lui a même consacré une expression contribuant à lui trouver des circonstances atténuantes : crime passionnel. C’est le cas de l’affaire ci-dessous qui a eu lieu à Bordj El-Bahri, en novembre 2009.

Karim, 24 ans, est un jeune homme heureux depuis quelques semaines parce qu’il avait fait la connaissance d’une jeune fille qui lui plaisait beaucoup. Depuis qu’il l’avait connue, il se sentait métamorphosé. Il ne broyait plus du noir et il voyait désormais l’avenir avec optimisme. Mais le problème c’est que la belle jeune fille, avant de rencontrer Karim, avait connu d’autres jeunes, des amours passagères comme on dit et qui sont très courants à cet âge-là, à cheval sur l’adolescence et l’âge adulte.
Alors qu’il était dans un restaurant avec sa bien-aimée, Karim vit se planter devant eux un jeune homme. Celui-ci sans même se présenter ni les saluer, dit à la jeune fille :
-Viens avec moi, Sonia, j’ai à te parler.
La jeune fille le regarda un moment puis lui répondit :
-Nous n’avons plus rien à nous dire, Saïd. Tu l’as toi-même reconnu la dernière fois…Que chacun aille de son côté. C’est mieux ainsi.
-Oui, je suis d’accord avec toi…que chacun aille de son côté, mais avant je dois te parler. Je dois te dire des choses très importantes.
-S’il te plaît, Saïd, laisse-moi tranquille…Tu ne comprends donc pas que c’est fini entre nous ?
-Juste une minute…
-Une autre fois peut-être Saïd… S’il te plaît…
Le jeune homme finit par abdiquer mais avant de sortir de la pizzeria adressa un regard plein de haine à Karim.
Après son départ, Sonia éprouva le besoin de se justifier.
-C’est une ancienne connaissance…Je me suis trompée sur toute la ligne à son sujet… Dès que je me suis aperçue de mon erreur, je lui ai fait part de mon intention de cesser de le voir…
-Mais apparemment, il n’est pas d’accord.
-Oui, apparemment… mais il n’a pas le choix.
Saïd n’avait peut-être pas le choix mais il était le seul à ne pas s’en rendre compte. Chaque jour, il téléphonait à Sonia pour lui demander d’arrêter de voir Karim et de renouer avec lui. Mais lorsqu’il eut constaté qu’elle ne voulait pas de lui, il décida de s’adresser à Karim.
Il le trouva le 16 novembre 2009 en compagnie de Sonia à l’intérieur d’une pizzeria à Bordj El-Bahri et il lui dit :
-J’aimerais te parler…
-Oui, vas-y parle, je t’écoute, répondit Karim…
-Non pas ici…Ce que j’ai à te dire doit rester entre nous.
Sonia intervint :
-Ne va pas avec lui, Karim ; il va surement inventer des choses à mon sujet pour nous brouiller…
-Non, non, ne t’inquiète pas, Sonia… Je vais écouter tout ce qu’il va me dire... J’en ai marre de le voir surgir devant moi au moment où je m’y attends le moins.
Quand Karim fut revenu, une heure environ s’était écoulée. Dès qu’il se fut installé en face de Sonia il lui dit :
-Ça y est, il ne nous dérangera plus.
-Qu’est-ce que tu lui as dit ?
-N’en parlons plus.
Le jour même la brigade de Gendarmerie de Bordj El-Bahri trouva le corps sans vie de Saïd. Il avait été tué d’un coup de couteau en plein cœur.
Quelques jours plus tard, la même brigade de Gendarmerie parvint à arrêter Karim et Sonia alors qu’ils étaient ensemble à l’intérieur d’un immeuble en construction.
Devant la pléthore d’indices créditant l’implication des deux jeunes gens dans le meurtre, le jeune homme finit par avouer. «J’ai suivi Saïd pour entendre ce qu’il avait à me dire. Mais dès que nous nous sommes retrouvés dans un lieu isolé, en tête à tête, il a sorti un couteau et il m’a frappé avec. J’ai réussi à le lui enlever et à l’utiliser contre lui. Je n’ai fait que me défendre ! c’est tout.»
Il y a quelques jours, la cour de Boumerdès a condamné Karim à 20 ans de prison ferme. Alors qu’initialement la peine de mort avait été requise contre lui.
Sa jeune amie, pour qui il avait commis un meurtre, a été condamnée à deux ans de prison ferme pour non-dénonciation de crime.

Par : Kamel Aziouali

L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel