Le Midi Libre - entretien - Complice malgré lui (1re partie)
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Complice malgré lui (1re partie)
25 Octobre 2011

Abderrahmane est un homme d’une soixantaine d’années. Il a deux filles et trois garçons tous mariés, mères et pères de famille. Dans la maison qui regroupait autrefois toute sa famille, il ne restait plus que lui et sa femme âgée de 55 ans.

Abderrahmane est à la retraite depuis trois ans mais comme il se sentait toujours en pleine forme, il avait trouvé du travail en qualité de gestionnaire des stocks dans une entreprise privée. La maison d‘Abderrahmane ne se remplissait que durant les fêtes de l‘Aïd quand ses enfants venaient avec leur progéniture et leurs conjoints respectifs. Ces jours-là, il y a tellement de monde que les enfants sont obligés de s‘asseoir par terre. Mais Abderrahmane avec le temps avait fini par acheter une trentaine de chaises en plastique qui s‘emboîtent les unes aux autres, à tel point qu‘elles ne prennent pas de place lorsqu‘on les place par exemple dans un placard verticalement.
La vie d‘Abderrahmane aurait pu s‘écouler ainsi lentement et tranquillement jusqu‘à cette ultime fatalité qui nous attend tous un jour… mais qui aurait pensé que sa vie allait être bouleversée de manière spectaculaire.
Alors qu‘il se rendait à son travail, en cette fin du mois de septembre, vers 7h30, une jeune fille qui devait avoir entre 20 et 25 ans lui fit signe de s‘arrêter. La jeune fille était plutôt belle mais ce n‘était pas la raison pour laquelle le sexagénaire s‘était arrêté. Elle avait l‘air angoissée, inquiète et désemparée.
- Bonjour ma fille où voulez-vous aller ?
- A Alger… Je suis vendeuse dans un magasin de vêtements. Si j‘arrive en retard, je risque d‘être renvoyée.
- Ah ! C‘est pourquoi vous êtes angoissée…
- Emmenez- moi je vous en supplie…
- Ne me suppliez pas… Je vais aussi à Alger, montez.
- Oh ! Merci, merci…
- Il n‘y a vraiment pas de quoi.
- Je ne sais pas ce qui se passe aujourd‘hui mais il n‘y a ni bus, ni car, ni taxi… Ah ! je vous envie monsieur… vous avez une voiture. Vous n‘avez pas de soucis pour arriver à votre travail. En plus, votre voiture est très belle.
Abderrahmane éclata de rire.
- Ah ! Ma fille si vous saviez ! Moi aussi j‘ai passé plus de trente ans dans les transports en commun… J‘en ai bavé, croyez-moi… Et C‘était à une époque où il n‘y avait pas tous ces bus et ces cars privés. Quand nous arrivions à notre travail, nous étions déjà avachis et fatigués qu‘on ne pensait qu‘à une chose : la fin de journée. Quant à cette voiture neuve, ce sont mes enfants qui me l‘ont achetée après avoir cotisé entre eux, au cas où j‘aurais envie de devenir chauffeur de taxi…
- Et avant vous conduisiez ?
- Oui… J‘avais une vieille R4. Je l‘ai vendue il y a six mois environ quand mes enfants m‘ont acheté celle-ci.
- Ah ! Ils vous aiment bien, vos enfants…
- Oui, je crois que j‘ai cette chance d‘être aimé par mes enfants. J‘ai tout investi sur eux. Je les ai élevés, ils ont étudié, je les ai aidés du mieux que j‘ai pu.
- Et vous continuez à aider les gens…
- Oui, quand on peut aider les gens pourquoi ne pas le faire ?
- Vous vous êtes arrêté, vous m‘avez demandé de monter et vous n‘avez même pas voulu que je vous remercie… Oh ! Vous êtes formidable ! Si vous étiez jeune je ne vous lâcherai pas…
Abderrahmane éclata de rire.
- Ah ! vous êtes vraiment drôle, ma fille !
- Quel âge avez-vous.
- Un peu plus de 62 ans…
- Moi, j‘ai 22 ans !
- Vous voyez ? Je suis trop vieux pour vous.
- Vous croyez ? Moi, je ne trouve pas que vous êtes trop vieux…Vous pouvez me donner votre numéro de téléphone ?
Abderrahmane sursauta.
- Pourquoi faire ?
- En voilà une question ! Pour que je puisse garder le contact avec vous… Si vous passez tous les jours par Cinq-Maisons comme aujourd‘hui, je peux vous attendre. Cela ne vous dérangera pas ?
- Non…pas du tout. Cela me fera de la compagnie et vous, vous économiserez l‘argent du transport. Mais faites attention Si des voisins vous voient, ils inventeront des tas d‘histoires à votre sujet !
- Je m‘en moque du moment que je me sens bien avec vous !

( A suivre…)

Par : Kamel Aziouali

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