C’est un rêve d’enfant devenu réalité, doublé d’une histoire d’amour tragique sur fond de guerre que le maître du film d’animation japonais Hayao Miyazaki a choisi de raconter dans "Kaze Tachinu" ("Le vent se lève") dans les salles mercredi, avant sa retraite souhaitée.
En compétition à la dernière Mostra de Venise, où il a été salué par la critique et le public, ce film est le dernier du grand maître, qui est aussi un des plus grands dessinateurs de mangas du monde. Il raconte la vie d’un ingénieur aéronautique qui a réellement existé, Jiro Horikoshi, concepteur de l’avion de chasse Mitsubishi Zéro, porte-étendard de l’armée de l’air japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. Enfant, Jiro rêve de voler et de dessiner des avions inspirés de ceux du concepteur italien Italo Caproni.
Ne pouvant devenir pilote en raison de sa myopie, il rejoint la division aéronautique d’une célèbre multinationale en 1927 et devient l’un des concepteurs d’avions les plus brillants du monde. Il tombe amoureux de Nahoko, une jeune femme dont il a croisé la destinée adolescent en lui sauvant la vie.... "C’est un film destiné à tout public et beaucoup de Japonais ont dit qu’ils avaient aimé sa nouvelle saveur. C’est le premier film de M. Miyazaki qui a comme protagoniste un personnage réel, dont l’histoire l’a inspiré toute sa vie", avait expliqué à Venise le président des studios Ghibli, Koji Hoshino.
Message aux jeunes générations
"Il a fallu du temps pour le transformer en dessin animé et faire que ce ne soit pas seulement un film pour les enfants", avait-il ajouté, qualifiant la réalisation du film de "défi" au vu, notamment, des détails très précis qu’il met en scène sur l’histoire du Japon, notamment. Prenant appui sur la vie de son héros, Hayao Miyazaki, qui s’est inspiré d’un roman de l’écrivain japonais Tatsuo Hori, déroule, en deux heures de temps, tout un pan de l’histoire de son pays:
le tremblement de terre de Kanto en 1923, la grande dépression, l’épidémie de tuberculose et le basculement progressif du Japon dans la Seconde Guerre mondiale. Son film, empreint d’une intense poésie et de références ou de clins d’oeil à la culture européenne, entraîne le spectateur dans une métaphore sur la vie face à un avenir incertain: "Le vent se lève, il faut tenter de vivre", répète d’ailleurs le héros en français, citant Paul Valéry.
Dans un message à propos de son film, le réalisateur écrit : "Approcher la beauté à un prix", comme en signe d’adieu aux jeunes générations. "Face à un avenir incertain, il faut aider nos enfants à développer leurs capacités innées", avait déjà plaidé en 2008 le père de Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro ou Ponyo en évoquant les dangers d’un univers trop virtuel pour grandir.
Couronné par un Lion d’or à Venise en 2005 pour l’ensemble de sa carrière, Hayao Miyazaki, agé de 73 ans, a reçu de nombreuses récompenses, dont l’Oscar du meilleur film animé en 2003 pour Le Voyage de Chihiro, œuvre qui avait déjà été honorée deux ans plus tôt d’un Ours d’or à Berlin.