Les ateliers de Djurdjura Cinéma est le rêve prisé par une bande de jeunes d’Ath-Yenni, tous passionnés par l’image, le son et le mouvement, le tout inspiré par leur montagne. Des moyens dérisoires n’ont pas empêché la production de près d’une dizaine d’œuvres, mais la continuité dépend, hélas, des subventions.
«Entre kif et amour», est le titre du dernier court métrage produit par les ateliers Djurdjura Cinéma. Ce film se penche sur le phénomène de la drogue en Kabylie en considérant l’amour et l’attention comme remèdes possible à ce mal de plus en plus imposant. En d’autres termes «Entre kif et amour» tente de culpabiliser la société inattentive sinon sourde aux appels de ses jeunes, un appel à l’environnement social de se remettre en question, de revoir ses valeurs défendues, ses tabous et ses principes. Les 34 mn de tournage résultent d’un travail collectif des participants à l’atelier et des acteurs et actrices engagés à cette fin. L’atelier de vidéo donné pour la seconde fois par Myriam Hammani s’est tenu durant le mois d’août précédent. Après des cours théoriques, le groupe a mis en place un scénario dont le tournage est fait dans trois villages différents aux alentours d’Ath-Yenni. La rivière tantôt sèche, tantôt courante, a abrité certaines séquences du film, une manière de symboliser les meilleurs et les pires moments d’un jeune vivant dans un environnement pas des meilleurs, un détail naturel pour marquer espoir ou désespoir. Pour cette seconde expérience, les ateliers ont obtenu le soutien de la commune qui a mis à leur disposition un bus pour les déplacements hors de la localité, et celui de Vincent Garirigues, responsable des projets audiovisuels à l’ambassade de France à Alger, qui a contribué financièrement à la couverture des dépenses de la formatrice en Algérie. Faut-il noter qu’en matière de moyens techniques, Djurdjura Cinéma n’a de merci à donner que pour Myriam Hammani. Cette dernière à mis à la disposition de ses stagiaires tout son matériel personnel en plus de son travail non rémunéré. Pour les bénéficiaires de ces ateliers, la vidéo ainsi enseignée par Myriam Hammani est un cri à la création et à la nouveauté, une casse-pied à la monotonie. «Ces ateliers nous ouvrent une nouvelle voie, nous font découvrir une passion vraiment intéressante. Grâce à ce que nous sommes en train d’apprendre, on peut promouvoir notre patrimoine coulturel et de même créer de nouvelles préoccupations pour la Kabylie», c’est par ces mots que Hamou, participant aux deux éditions de l’évènement, évalue les ateliers de vidéo Djurdjura Cinéma. «Le déroulement a été parfait, un peu difficile parfois, durant le tournage à cause de la chaleur. Je suis fière de cette équipe et, déjà, plusieurs membres ont commencé à écrire leurs propres scénarios», avoue Myriam au Midi Libre. Les ateliers de Djurdjura Cinéma sont nés depuis deux années dans le village argenté de la Kabylie, Ath-Yenni. La vidéo ne figurait pas parmi les préoccupations des associations et jeunes de la région, jusqu’à ce que Myriam Hammani débarque avec sa caméra, son expérience et sa volonté. Elle était venue convaincue de trouver dans cette contrée oubliée par tout plan de développement, victime d’exode et d’isolement en ascension des jeunes pouvant partager sa passion. Effectivement, ni les moyens de base ni les chaleurs étouffantes de la saison estivale n’ont empêché le groupe de suivre ses cours théoriques et puis pratiques. Au bout du chemin, l’atelier a donné naissance à nombre de reportages, documentaires et courts métrages. Il s’agit d’un recueil de témoignages sur la situation de la femme en Algérie intitulée «Ce qu’elles disent», un journal intime visuel intitulé «Une femme kabyle» et le récital poétique «Le voile de l’espoir», une fiction adaptée de l’histoire de Mohia «la maladie imaginaire» intitulée «Moh U’perpuch», un documentaire éducatif sur «l’écriture de Tifinagh», et un reportage sur «l’architecture kabyle». Actuellement, les participants à l’atelier, à leur tête Myriam Hammani, font des mains et des pieds pour décrocher des subventions afin de mettre en place une association cinématographique indépendante matériellement et financièrement. Une démarche indispensable afin de promouvoir et multiplier la réalisation cinématographique dans la région tout au long de l’année. Des contacts sont renoués avec différentes institutions et associations en France ou en Algérie en l’attente d’une subvention effective.