Le 45e festival national du théâtre amateur de Mostaganem, qui prendra fin ce soir avec la cérémonie de remise des prix, a été marqué par la présentation de pièces abordant dans leur majorité des thématiques sociales traduisant les préoccupations d’une génération de jeunes auteurs et une volonté d’offrir au public une vision au plus près d’une société en pleine transformation.
Les douze troupes concourant depuis le 28 août pour le Grand Prix du Festival ont interprété des œuvres de facture inégale axées sur le malaise de la jeunesse, le sentiment amoureux, la place de la femme dans la société ou encore l’exil, par les prismes du tragique ou du burlesque, confirmant une orientation sociale du théâtre amateur où l’écoute des inquiétudes de la jeunesse semble guider la création.
A l’exemple de la pièce SDF mais de la compagnie "Imuzar" de Tizi-Ouzou, présentée lors la première soirée, mettant en scène la vie d’une bande de jeunes sans abri et de leur chef. Le malaise de la jeunesse est abordé, ici, par le biais de l’histoire de marginaux regroupés en "famille" après que chacun des personnages eut fui la sienne pour diverses raisons.
Dans un registre très semblable, la pièce Al Hamla de la coopérative "Esindjab" de Bordj Ménaiel relate, comme le titre le laisse deviner, les errements d’un jeune fugueur tombé, malgré lui, sous la coupe de trafiquants de stupéfiants
La pièce écrite et mise en scène par un très jeune auteur de dix-sept ans, Fetmouche Rafik, a connu un franc succès et confirmé un grand potentiel artistique, malgré des maladresses dans la mise en scène, relevées par des spectateurs avertis.
D’autres pièces se sont penchées sur le sentiment amoureux, attaquant le thème par le biais du tabou social comme dans Houb El Gharaiz de la troupe "Djil El Dhahra Wa Anaouares" de Relizane ou par l’épineuse question du mariage, abordée dans la comédie Houb Fi Khadâa de la coopérative artistique "El Othmania" d’Oran, une représentation qui a déchaîné l’hilarité générale à la maison de la culture Ould Abderahmane Kaki où elle a été donnée.
L’exil et la "harga" (émigration clandestine), comme attendu, ont été au centre de plusieurs pièces, dont Houb Al Bakaa, du théâtre nouveau de Boumerdès, ou encore Feraoun de la coopérative du théâtre de Sétif.
Cette dernière pièce s’était également penchée sur l’actualité socio-politique dans les pays arabes, en traitant sur le mode de l’absurde, à la manière du dramaturge franco-roumain Eugène Ionesco, le "Printemps arabe" et ses conséquences sur les sociétés en question rapporte l’APS.
Sur un ton plus sombre, Takna de la troupe "Imenyaen" de Tizi Ouzou ou Fadjr B’liss (Irrissala Al Fenia, Bel Abbès) évoquent la folie, le viol ou le suicide. Sujets sensibles, s’il en est, dans la société algérienne, ces thèmes sont abordés dans ces pièces, plus par le jeu de l’expression corporelle, que par le langage.
Chariant, par le choix des thèmes, un certain pessimisme de leurs auteurs, la majorité de ces œuvres ont, néanmoins, tenté de transcender une vision négative par la dérision ou l’introduction d’éléments porteurs d’espoir, expression d’une volonté, de ces jeunes auteurs, de produire un théâtre où l’énergie créatrice est au service de la société, dans la lignée des fondateurs du Festival et de leurs continuateurs.
La troupe "Al masrah al djadid" de Boumerdès remporte le Grand Prix
La troupe "Al masrah al djadid" de Boumerdès a remporté mardi soir le Grand Prix du 45e Festival du théâtre amateur de Mostaganem, récompensant la meilleure pièce théâtrale, lors d’une cérémonie présidée par le commissaire du festival Rachid Djerourou et la directrice de la culture de Mostaganem, Hlima Hankour.
Le jury a primé la pièce Houb Al Bakaa de la troupe "Al masrah al djadid" de Boumerdès concourant parmi douze troupes de différentes régions d’Algérie lors d’une cérémonie à la maison de la culture Ould Abderahmane Kaki où plusieurs autres prix ont été décernés.
Le prix spécial du jury est revenu à la coopérative du théâtre de Sétif pour la ièce Feraoun tandis que Sid-Ahmed Draoui de Tizi-Ouzou et Kada Chabani d’Oran ont été sacrés ex aequo meilleurs metteurs en scène respectivement pour les pièces "SDF mais" et "Houb fi khodâa" Hamza Djaballah s’est quant à lui vu décerner le prix de la meilleure scénographie pour la pièce "Al mouhakama" présentée par la troupe "Masrah al Ghad" de Baraki (Alger).
Le prix du meilleur texte théâtral a été attribué à Salah Eddine Kheilifi pour la pièce "Wa sakata al kinaâ" de la troupe Mohamed Touri de Aïn Defla.
Les comédiens Rafik Fetmouche de la coopérative "Esindjab" de Bordj Menaiel et Kouider Zoheïr de la troupe "Djil adahra wa anaouares" de Ghilizane se sont partagé de le prix de la meilleure interprétation masculine pour leurs rôles dans les pièce Al Hamla et Ghadr Imaraa.
Amina Lakroune qui a joué dans Fadjr Ibliss de la troupe "Arrissala al fannya" de Sidi Bel Abbès a remporté le prix de la meilleure interprétation fannya de Médéa pour son rôle dans la pièce Madrassat al abaa. Les comédienne Kamila Boulekroune de la troupe "Imenyaen" de Tizi-Ouzou a été sacrée meilleur espoir féminin, une distinction qu’elle partage avec Ben Hellal Fatma pour son rôle dans Harb al gharaiz de la troupe "Athakafia lihaouaa atalq" de Boudouaou.
Le jury de la 45e édition du Festival du théâtre amateur était composé de Bouziane Ben Achour, Khaled Belhadj, Al Arbi Bouzidane, Youcef Taâaounit et Bahfid Senoussia. Un jury qui a salué le "choix judicieux" des thèmes présentés par les concourants, tout en leur recommandant la "nécessité de pas tomber dans certains errements" et en soulignant le manque de formation de certains acteurs.
Le jury a en outre émis un nombre de recommandations à l’adresse des organisateurs dont celles d’établir pour la prochaine édition un commissariat national, de réduire le nombre de pièces en lice, d’encourager la mise en place d’ateliers de formation et d’introduire pour la prochaine édition des débats ouverts sur les pièces présentées. Le 45e Festival du théâtre amateur de Mostaganem qui s’est tenu du 26 août au 3 septembre a vu la participation de douze troupes théâtrales de différentes wilayas du pays, mises en compétition pour briguer le Grand Prix récompensant la meilleure œuvre. En marge des représentations théâtrales, le public de la Maison de la culture de Mostaganem a été convié à d’autres activités, dont des conférences dédiées aux grandes figures du 4ème art algérien (Kateb Yacine, Abdelkader Alloula, Ould Abderahmane Kaki, Si El Djilali Benabdelhlim) des expositions sur l’évolution du théâtre national, et des "halqate" autour de récitals poétiques déclamés sous une kheima dressée pour l’occasion.
D’autres troupes amateurs participent à une tournée "hors compétition" prévue dans les espaces culturels de différentes communes de la wilaya de Mostaganem. Le prix du Kaki d’Or 2012, récompensant le meilleur texte théâtral avait été attribué à Nacer Ali d’Oran pour son texte Achiquat al battal .