La 7e édition du Festival culturel national de l’Ahellil, organisé durant une semaine dans la commune de Timimoun, à Adrar, s’est cloturée, dans une ambiance conviviale, en présence du représentant du ministère de la Culture, les autorités locales et l’ensemble des festivaliers. Elle a été marquée aussi par la remise de prix aux meilleures troupes participantes et les recommandations des membres du jury, qui ont lancé un appel pour la valorisation et la préservation des instruments traditionnels de musique, dont le Tamdja, la flûte et le Tibkal.
C’est dans cette optique que le commissariat du festival prévoit lors des prochaines éditions de l’Ahellil, l’organisation de concours individuels dans ce genre d’instrument. Le commissariat du festival a récompensé les trois meilleurs participants dans les catégories juniors et seniors, et primé aussi les meilleurs joueurs de "Tamaja" et de "Bangueri", à la base du chant Ahellil.
La troupe "Tin-Houlaouine" du patrimoine artistique a remporté le premier prix Les deuxième et troisième places chez les juniors sont revenues aux troupes "Ithrane Ahellil" de la commune de Ouled Aissa et "Tifaou-Tziri" de la commune de Timimoune. Les troupes "Ithrane Gourara", "Tifaou Tziri", de la commune de Timimoubne, et "Thourat fi Amane" de la commune de Ouled Saïd ont remporté les trois premiers prix, chez les seniors.
Les prix des meilleurs joueurs d’instruments traditionnels de "Tamaja" et de "Bangueri" sont revenus respectivement aux artistes Deldali Moussa et Boutaiba Boudjemaâ. Comme de tradition, et en reconnaissance aux efforts de certains chouyoukh pour la préservation du patrimoine Ahellil, ont été honorés cette année Ghouati Mohamed et Ferdjani Fatma. La wilaya d’Adrar renferme un inépuisable réservoir du patrimoine immatériel témoignant du profond ancrage de notre histoire et de notre culture, ne ménage aucun effort pour la préservation de cet héritage ancestral authentique.
Le patrimoine d’Ahellil, propre à la région du Gourara (flanc nord de la wilaya d’Adrar), atteste en effet du foisonnement culturel ancestral de cette région saharienne exprimé au travers de sa composante et de sa scène d’exécution de chants spirituels. Rassemblés en cercle, hommes et femmes, munis d’instruments de musique traditionnels tels que Tamaja, Bengueria et Aguellal pour accompagner des textes poétiques déclament des louanges à Dieu.
Comme l’attestent plusieurs chercheurs et spécialistes dans le domaine, tel que M.Tahar Abbou de l’université d’Adrar relève que l’émergence du patrimoine lyrique d’Ahellil, classé par l’Unesco patrimoine universel en 2005, est le fruit de recherches anthropologiques menées durant les années 1970 par Mouloud Mameri, lors de séjours dans la région de Gourara où il se pencha, avec le concours des chouyoukh de la région, sur la collecte, trois années durant, du patrimoine oral d’Ahellil, dans un recueil publié en 2003 sous le titre Ahellil de Gourara.
Le patrimoine d’Ahellil, propre au Gourara et caractérisant les tribus zénètes du sud-ouest du pays, revêt une importance particulière pour de nombreux anthropologues et linguistes, estime M. Abbou. L’orateur a fait savoir, lors d’une récente rencontre sur le thème en marge du 7ème Festival national Ahellil, que l’exécution d’Ahellil repose sur des étapes scéniques essentielles, animées en soirées, et s’articulant autour, notamment de louanges à Dieu et à son prophète Mohamed (Qsssl) et l’évocation de saints patrons et d’exemples de bonne conduite et de sagesse.
Dans la perspective de sauvegarde de ce patrimoine immatériel, plusieurs associations ont procédé à la formation et l’organisation de groupes chantant l’Ahellil, à l’instar des associations Tifaou Tziri et Moulay Yakoub qui se chargent de la formation de plus de 40 adeptes de ce genre ancestral, en plus d’un projet de complexe culturel à réaliser à Timimoune, selon le commissaire du Festival d’Ahellil, Slimane Ouiden.