Le Midi Libre - Culture - L’angoisse et la colère de Farah Laddi devant "un patrimoine condamné à tort à l’indifférence"
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Exposition au Palais Mustapha-Pacha à Alger
L’angoisse et la colère de Farah Laddi devant "un patrimoine condamné à tort à l’indifférence"
12 Septembre 2013

"Algérielle, une pluralité singulière", une exposition de peinture sous verre de l’artiste Farah Laddi, inaugurée mardi à Alger, au palais Mustapha-Pacha et qui s’étale jusqu’au 28 septembre prochain, évoquant, dans la subtilité et la minutie, le patrimoine culturel algérien.

Occupant deux salles du Musée public national de l’enluminure, de la miniature et de la calligraphie dans la Basse Casbah, l’exposition, scindée en deux volets, répercute l’angoisse et la colère de l’artiste devant "un patrimoine condamné à tort à l’indifférence".

"Enchantesses", intitulé du premier volet, consacré au patrimoine matériel de l’Algérie, invite le regard des visiteurs à apprécier le travail réalisé dans le détail du geste d’œuvres représentant des sites historiques et des monuments de différentes régions du pays, dans un jet coloré de spontanéité et de lumières.

Cédant au lyrisme de l’artiste qui a usé de néologismes intelligents pour titrer ses œuvres, la présentation propose un retour nostalgique dans le passé, mettant en valeur les lieux dans leurs profondeurs historiques et le parcours civilisationnel intense de l’Algérie.

"Algerielle"(Algérie plurielle), "Marinaremparcity" (Casbah d’Alger), "Eglimosk" (Mosquée Ketchawa), "Saintorane" (le Fort Santa Cruz à Oran), "Christafriculte" (Notre Dame d’Afrique) et "Hamramoun" (Timimoun), sont quelques titres de toiles, dédiées au patrimoine algérien bâti.

Le deuxième volet, traitant du patrimoine immatériel de l’Algérie est déroulé en trois thématiques passant en revue dans "Callimages" (1re et 2e parties), quelque 120 anciens prénoms féminins et près de 90 anciens prénoms masculins, savamment calligraphiés et enluminés, bordant, dans un bel ornement, l’espace de chacune des toiles dans la symétrie.

"Proverbères", 3e partie, regroupe des calligraphies en tifinagh de vieux proverbes berbères,  offerts aux regards par plusieurs mains en forme de "khamsa" (main mystique), inspirées des tapis berbères, mettant en valeur la véracité de ces maximes et leur validité dans les temps actuels.

Usant d’une méthode de travail que l’artiste a modestement baptisée "Technique sous et sur verre", les toiles sont présentées sur un support en verre d’une épaisseur de quatre millimètres, superposant, dans des figures inversées, l’étalage des couleurs en dessous de la toile et le travail minutieux des miniatures, au-dessus.

Dans une ambiance de formes et de couleurs féeriques, Farah Laddi a voulu exprimer "une angoisse et une colère" pour alerter sur le manque de sensibilisation - à l’endroit des citoyens notamment - autour des questions en rapport avec le patrimoine matériel et immatériel de l’Algérie. Artiste-verrier autodidacte, Farah Laddi est diplômée de l’Ecole supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral en écologie marine (1999). Elle pratique le Fusing. Thermoformage (technique permettant la réalisation de formes d’un matériau par chauffage) de 2002 à 2005 et la peinture sous verre actuellement.

Engagée dans son art, elle a participé à plusieurs expositions collectives pour défendre et promouvoir les valeurs universelles de l’humanisme à l’instar de l’hommage aux enfants de Ghaza, organisé au Palais de la culture Moufdi-Zakaria en janvier 2009 et celui en faveur de la femme algérienne, tenu au palais Mustapha- Pacha en mars 2012. D’autres expositions individuelles ont jalonné le parcours de Farah Laddi qui a déjà été distinguée en juin 2010 du Prix d’encouragement Ali-Maâchi du président de la République pour les jeunes créateurs.


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