Le Plan permanent de mise en valeur et de sauvegarde des sites archéologiques (PPMVSA) de la commune de Tipasa, une première en Algérie, selon le directeur de la Culture a été présenté à la presse locale ainsi qu’aux Amis du patrimoine.
Ce plan pilote, qui revêt une importance particulière pour les riverains des sites archéologiques, permet de répondre à la problématique de conciliation entre l’urbanisation de la ville et la protection des sites classés. La réalisation de ce plan, dont l’étude est à sa phase de lancement, est la meilleure preuve pour montrer que "toutes les périodes historiques de notre pays sont défendues et seront sauvegardées afin de laisser à nos enfants des vestiges témoins de ce passé, et non pas seulement des cartes postales de ce patrimoine", a souligné le wali lors de l’adoption récente de la 3e phase par l’APW. Parlant des modalités d’élaboration du plan et du contenu des trois phases, le directeur de la Culture a précisé que le Cneru a travaillé en collaboration avec des experts et sur la base des recommandations de l’Unesco "afin de proposer un instrument de protection du Centre historique sans entraver le développement de la commune". La première phase de ce PPMVSA, qui a nécessité une enveloppe financière de 15 millions de DA, a permis de faire un diagnostic de la situation des sites archéologiques classés de Tipasa (les parcs archéologiques romains Est et Ouest et le mausolée royal de Maurétanie) et de proposer des actions urgentes à lancer pour leur préservation et leur mise en valeur dans le cadre d’une exploitation durable. L’étude qui comporte trois phases, a été réalisée en tenant compte des recommandations des experts de l’Unesco au moment de la levée des réserves sur le site de Tipasa, classé en 2002 sur la liste du patrimoine en péril en raison de nombreuses dégradations constatées suite aux différentes extensions urbaines. La réalisation du plan de sauvegarde de Tipasa vise, a-t-on expliqué, la préservation du Centre historique constitué des deux parcs archéologiques, du musée et du mausolée royal de Maurétanie. Prenant en considération le développement et l’urbanisation "inéluctables" des villes, le plan de sauvegarde sera un instrument intégré dans le PDAU et le POS et un moyen de les protéger ou du moins atténuer les effets des dégradations et autres atteintes directes ou indirectes aux sites classés tout en instituant des zones interdites à la construction et des servitudes. L’étude du plan, lancée en 2004, a permis la délimitation des zones contenant les vestiges et monuments importants afin de préserver l’authenticité du site, celles dites tampon (proches des vestiges) et à proposer des constructions et aménagements qui collent aux spécificités de la zone, tout en valorisant ces sites à travers un plan de gestion confié à l’OGBC (Office de gestion des biens culturels). La première phase a permis d’identifier et d’évaluer le patrimoine culturel et historique de Tipasa, d’étudier des scénarii de croissance de la ville, des agents de vulnérabilité sans oublier les effets du développement démographique et socio-économique. Des mesures d’urgence sont proposées, à travers un plan de conservation des sites et leurs zones tampon et un autre traitant de l’aménagement urbanistique et les nouvelles constructions dans la zone de servitude, avant son entrée en application prochaine, après une enquête publique de 60 jours. Le PPMVSA sera présenté aux experts de l’Unesco lors de son assemblée générale avant d’entrer en application en Algérie qui a, faut-il le rappeler, entièrement financé les plans de Tipasa et de Cherchell, en cours d’étude. Pour éviter tout malentendu, quant à la finalité et aux objectifs du PPMVSA, le wali a invité les responsables de la culture à organiser des journées d’information et de sensibilisation "sur les trois phases du plan en direction des citoyens, voire même des portes ouvertes sur la nécessité de préserver le patrimoine qui est notre mémoire collective", a-t-il dit. La wilaya a proposé de financer des sorties pour les enfants sur les sites historiques afin de mieux les sensibiliser sur la nécessité de préserver cet héritage et exhorté les responsables à être "intransigeants et inflexibles" quant au respect de la réglementation relative à la protection des vestiges historiques et culturels.