L’UCCLLA, relevant du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), organise un colloque international sur Abdelkader Alloula, l’enfant prodige d’El-Bahia, qui a donné au théâtre algérien ses lettres de noblesse.
Ce dramaturge, qui marquera à jamais le théâtre arabe et universel, reste un modèle. Un designer et un auteur comme aucun théâtre du monde n’a eu la chance d’avoir. De par le langage populaire qu’il a adopté pour incarner la personnalité algérienne et exprimer les tripes du peuple secondaire, anonyme et humble, son verbe révèle l’immensité du délice de l’art.
L’imagerie dont a fait usage Alloula dans ses travaux scéniques brassés dans la modernité du zoo, de l’hosto, du syndicalisme et de l’ensemble de la poétique quotidienne, est restée gravée dans la culture théâtrale algérienne. Un modèle, ce qui est l’école, de théâtre qui a le souffle libéré. Il n’y a aucun pratiquant parmi les professionnels ou les amateurs algériens, du 4ème art, qui aurai vu ses pièces, qui peut se sentir désarmé ou bien ridicule.
En tentant de ressembler à l’oeuvre magique de ce comédien devenu, comme tous les grands auteurs suivis de leur troupe, un dramaturge accompli, on se noue avec ce qu’est "l’algérianité". Doué de quelques réflexions fondatrices qui dénouent la vie... A cet effet, l’œuvre et le parcours du regretté dramaturge Abdelkader Alloula (1939-1994) seront au centre rendez-vous scientifique prévu depuis hier à Oran dans le cadre de la commémoration de la 20e année de la disparition de cette grande figure du 4e Art algérien.
"Le théâtre d’Abdelkader Alloula (1939-1994) : le texte et la scène", est le thème générique de cette rencontre qui regroupera, deux jours durant, une trentaine de chercheurs algériens et étrangers, a indiqué Mohamed Hireche-Baghdad, le président du comité d’organisation. Plusieurs conférences, ateliers et témoignages figurent au programme des activités qui auront lieu au siège de l’Unité de recherche sur la culture, la communication, les langues, les littératures et les arts (UCCLLA).
Les thèmes retenus dans ce cadre sont "l’écriture dramaturgique chez Abdelkader Alloula", "la production théâtrale", "la problématique de la langue et de la traduction dans le théâtre de Alloula", "l’adaptation, l’intertextualité et l’interprétation dans le théâtre de Alloula" et "la spécificité et universalité du théâtre de Alloula: études comparatives". Ces sujets permettront aux participants de mettre en relief l’importance du legs artistique de l’auteur, metteur en scène et comédien que fut Alloula. Né le 8 juillet 1939 à El Ghazaouet (Algérie), après des études secondaires à Oran, Abdelkader Alloula, commence le théâtre en 1956 avec la troupe Echabab.
En 1962, il met en scène Les Captifs de Plaute avec l’Ensemble théâtral oranais. Il est appelé en 1963 à faire partie de la troupe naissante du Théâtre National Algérien (TNA) et participe à de nombreux spectacles : Les Enfants de la Casbah, Hassen Terro, Le Serment, Dom Juan, La Mégère Apprivoisée… également acteur au cinéma dans :
Les Chiens réalisé par Chérif El-Hachemi en 1969, Ettarfa par Chérif El-Hachemi en 1971, Tlemcen par Mohamed Bouamari en 1988, Djan Bou Resk par Abdelkrim Baba Aïssa en 1990, Hassan Nia par Ghaouti Bendeddouche en 1990. Entre 1964 et 1968, il ecrit et met en scène, plusieurs textes d’auteurs contemporains dont Rouiched, Tewfik El Hakim, Gorki, Cervantès… El Alleg en 1969, El Khobza (Le Pain) en 1970, Homk Salim adapté du Journal d’un fou de Gogol en 1972, Lagoual (Les Dires) en 1980, El Ajouad (Les Généreux) en 1985,
El Lithem (Le Voile) en 1989, Ettefah (Les Pommes) en 1992, Arlequin valet de deux maîtres en 1993 (adaptation de Carlo Goldoni) et devient un des auteurs majeurs de sa génération en Algérie. En 1990, il adapte pour la télévision de nombreuses nouvelles dont Lila Maa Majnoun, Es Soltane Oual Guerbane, El Wissam, Echaab Fak, El Wajeb el Watani, (réalisateur : Bachir Bérichi) et est également l’auteur de deux scénarios réalisés par Mohamed Ifticène : Gorinne en 1972 et Djalti en 1980. Il participe aux commentaires de deux films : Bouziane el Quali de Belkacem El Hadjadj (1983) et Combien je vous aime de Azzedine Meddour (1985). Abdelkader Alloula est assassiné le 10 mars 1994 à Oran.