Les amateurs du son assouf (nostalgie) avaient rendez-vous, dans la nuit de vendredi à samedi, avec le groupe malien initiateur de ce courant musical, Tinariwen qui a fait immerger le public algérois dans
l’univers des Touareg.
Organisé par l’opérateur privé Broshing events, ce concert-événement, tant pour le public que pour le groupe, a rassemblé près de cinq mille spectateurs au théâtre de verdure du complexe culturel Laâdi-Flici.
Depuis l’entrée sur scène des cinq premiers membres du groupe, le public n’a eu de cesse de chanter et danser sur le rythme du blues du désert, habillés pour certains de tenues traditionnelles du grand Sud, dépassant très vite le handicap de la langue tamasheq, incomprise à Alger.
Après trois morceaux rythmés au jambé du percussionniste Said Ag Ayad pour seul section rythmique, Ibrahim Ag Alhabib, chanteur et guitariste emblématique du groupe, est monté sur scène provoquant une longue ovation du public.
Souvent absent lors des concerts du groupe depuis plus d’une année vu la situation au Mali, Ibrahim Ag Alhabib a tenu à être présent à Alger pour ce public "réactif avec qui il entretient une relation basé sur un feeling particulier".
Dans une ambiance chaleureuse, le groupe et son public ont entonné des titres qui ont fait le succès mondial de Tinariwen comme Amassakoul N’ténéré (voyageur du désert), Cler Achel (j’ai passé ma journée), Imidiwen winakalin (amis de mon pays) ou encore Assouf (nostalgie).
Sur scène le groupe représente à lui seul le dialogue et l’échange interculturel entre des textes et poésie en tamasheq dédiés au désert, aux Touaregs, à leur environnement et à leurs souffrances, et une mélodie particulière servie par des guitares électriques et un jeu de basse de Eyadou Ag Lech qui place le groupe à un très haut niveau international.
Les rythmes traditionnels ainsi que la danse et l’habit touareg sont eux aussi très présent sur scène grâce notamment à la présence de Alhassan Ag Touhami au chant. Fondé en 1982 en Algérie, le groupe Tinariwen a réussi à imposer en trente ans un style et un courant musical à part entière, un parcours influencé par les conditions de vie des tribus touareg au Mali et qui a été couronné en 2011 par le Grammy Awards du meilleur album "musique du monde" pour l’album Tassili.
Aujourd’hui le style assouf est un réel phénomène musical dans le Sud algérien où fleurissent de nouvelles troupes qui marchent sur les pas des bluesmen touareg, une grande source de fierté pour Ibrahim Ag Alhabib qui a confié "voir toute sa carrière, son engagement et son úuvre à travers ces jeunes qui se retrouvent tous autour de sa musique".
Grâce a sa musique, Ibrahim Ag Alhabib, souhaite "continuer à diffuser des messages d’espoir vu la situation sécuritaire et humanitaire qui marque le Mali depuis plus d’un an, comme il l’avait déjà fait après la résolution de la précédente crise" vingt ans plus tôt.
Ce chanteur engagé a confié son "apaisement et sa confiance" quant à l’évolution actuelle de la situation au Mali, tout en exprimant ses vœux de paix qu’il compte continuer à diffuser à travers le monde par le biais de sa musique et la culture touareg qui ne nécessite "que des puits d’eaux et de guitares pour durer".