Les danseurs de la troupe Diwan Ami Brahim ont exécuté un "koyo" particulièrement long et intense,
tout en gardant une précision étonnante dans cette expression corporelle...
Un spectacle du musique et danse diwan a été animé samedi soir à Béchar par trois troupes en compétition des wilayas de Relizane, Oran et Béchar en plus du groupe invité de la soirée, Ouled el Hadja Maghnia.
Organisé dans le cadre de la septième édition du Festival culturel national de musique diwan qui se tient à Béchar depuis vendredi, ce premier grand soir de compétition a attiré pas moins de trois mille personnes au stade En Nasr.
Dans un esprit de transmission et de continuité, la troupe "Ouled Sidi Blal" de Relizane qui participe au festival avec les même éléments pour la troisième fois, est constitué de jeunes musiciens chapeauté par Mhamed Belamria, cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports. En dehors du festival, la troupe anime souvent des rituels diwanes lors des "ouâdates" et a participé au Festival international de danses populaires à Sidi Bel-Abbès avec des jeunes formés dans la pure tradition familiale du diwan.
Même si la prestation du groupe a été modeste, l’initiative de créer une association à Relizane qui accueille et forme les jeunes qui s’intéressent à la musique mais aussi au rituel du diwan reste louable. Venu d’Oran, le second candidat, "Tourat Gnawa", a séduit le public par sa chorégraphie "koyo" homogène et très expressive et par la maîtrise et la qualité de meneur de troupe du Mâallem Houari.
Cette troupe, composée de dix membres, s’inscrit dans la transmission durant ses 16 années d’activité et a donné naissance à plusieurs troupes fondées par les élèves de Mâallem Houari lui-même disciple du Mâallem Mejdoub de Mostaganem qui a pris sous son aile plusieurs générations de Mâalmine et de Mkedmine.
Diwan ami Brahim et la grande "ouâada" de Béchar
Chapeautée par Ami Brahim, l’un des derniers Mkeddem de Béchar, la troupe "Diwan Ami Brahim" a marqué son tour de scène de 25 minutes accordées aux concurrents par la mise en avant sur scène des bannières aux sept couleurs du rituel diwan. Sous le regard expert de leur mentor, les danseurs de la troupe ont aussi exécuté un "koyo" particulièrement long et intense, comparé aux autres participants, tout en gardant une précision étonnante dans cette expression corporelle.
Fondée en 1993 cette troupe a formé plusieurs générations de "guendouz" (disciples) grâce à la persévérance de Ami Brahim qui a lui aussi été le disciple du Mâallem Mejdoub de Mostaganem avant de devenir aujourd’hui l’un des principaux dépositaires du legs ancestral du diwan de Béchar qu’il transmet oralement le plus souvent.
Dans un souci de préservation du patrimoine diwan Ami Brahim et sa troupe prévoient d’organiser la grande "ouâada" de Béchar, durant le mois d’août prochain, qui constituera un rendez-vous incontournable pour les praticiens du rituel de toutes les régions du pays. Ami Brahim, qui a insisté sur la valeur culturelle de ce legs qui date de près de cinq siècles, a déclaré à l’APS que "le respect du rituel, ou du moins ce qu’il est possible de présenter sur scène, reste primordiale dans l’apprentissage des jeunes générations".
Agé de 79 ans, Ami Brahim qui est Mâallem depuis 1968, compte rassembler les gnawa à Béchar autour d’un "rituel complet, dans les règles, du sacrifice à la musique en passant par l’interprétation des bordjs dans leur intégralité dans une cérémonie qui dure toute une nuit". Le Festival culturel national de musique diwan se poursuit jusqu4au 13 juin à Béchar avec la participation de 15 troupes en compétition ainsi qu’une série de conférences autour du thème ’’Diwan, de l’espace sacré à la scène artistique’’.