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Bon Iver – For Emma, Forever Ago |
9 Juin 2012 |
Le premier album de Bon Iver, For Emma Forever Ago, entièrement réalisé par Justin Vernon qui a joué à lui seul tous les instruments lors de l’enregistrement, produit en 2008 par le label rock indépendant Jagjaguwar, est un album qui dévoile le talent remarquable de son compositeur qui s’est vu décerné récemment par 4 récompenses lors du 54th Grammy Awards dont Best New Artist. Un album intimiste et captivant qui a su se parer de toutes les lumières et forcer toutes les admirations. Chronique !
Marqué par une violente déception amoureuse, Justin Vernon, fondateur du groupe Bon Iver (dérivé de Bon hiver en français) décide de s’exiler pendant une durée indéterminée dans la cabane de chasse de son père au fin fond du Wisconsin. Vernon trouve refuge dans sa guitare acoustique et dans la tranquillité des bois (où il affirme avoir tué plusieurs cerfs au fusil pour se nourrir), et compose alors les quelques morceaux qui constitueront l’ébauche d’un album remarquable, intime, captivant et sincère For Emma, Forever Ago.
C’est un album folk lo-fi qui fut l’aboutissement de plusieurs mois de réclusion. Il a été mis en écoute d’abord sur un site internet, ensuite repéré par le label de rock indépendant Jagjaguwar qui assurera sa distribution en 2008.
Les 9 titres acoustiques qui composent l’album illustrent parfaitement la complexité de la voix de Justin Vernon, qui nage dans des octaves supérieurs qui, par leurs brèves poussées, accentuent la vulnérabilité dégagée par le titre de l’album.
Le morceau Flume est un désordre sentimental intime de Vernon, admirablement traduit par le break troublant (surtout en live) qui lance le dernier refrain de la chanson, tandis que Skinny Love mêle la voix unique et gémissante du chanteur au roulement de la guitare et au bruit sourd du low-drum. And I told you to be patient/ And I told you to be fine/ And I told you to be balanced/ And I told you to be kind ou encore Who will love you ?/ who will fight ?/ Who will fall far behind…
C’est un véritable bonheur intimiste, une création artistique dans sa plus haute perfection que nous livre le hobo de Wisconsin. Que cela soit par un simple accompagnement avec une guitare acoustique, comme c’est le cas pour Skinny Love, ou par les gracieuses voix surmultipliées dans Creature Fear, ou encore les chorales tremblantes de Blindsided, Bon Iver parvient toujours à transmettre l’émotion troublante et profonde qui mélange somptueusement le ravissement à cette douceur mélancolique divinement traduite par The Wolves (Act I & II).
Après le morceau phare, l’excellent For Emma qui est une sorte de dialogue entre Vernon et son aimée où ce dernier s’accroche vainement à un amour déjà perdu (With all your lies, you’re still very loveable), l’album touche à sa fin avec Re :Stacks. Bon Iver achève son premier album dans son état le plus triste et émouvant, une berceuse ivre accentuée par la performance languissante de Vernon et sa guitare. Ce dernier y déclare d’emblée I keep throwing it down, two-hundred at a time… et finit sur un moment d’auto-clarté : It’s hard to find when you knew it / when your money’s gone and you’re drunk as hell, suivi d’un moment de silence absolu clôturant le chef-d’œuvre musical.
Loin de rattacher tout le génie artistique de Bon Iver à un seul prénom, sans doute la fameuse Emma ne fut-elle que l’étincelle dévoilant une sensibilité artistique hors pair. Vernon aurait déclaré plus tard qu’Emma n’était qu’un état d’âme, une nostalgie sentimentale et mélancolique des amours perdues, à laquelle tout le monde peut se rapporter.
L’album demeure toutefois singulièrement lyrique, d’une remarquable sensibilité qui ne laisse personne indifférent. L’enchainement des morceaux est très bien choisi. Une purification émotionnelle où l’esprit poète de Justin Vernon est merveilleusement reflété sur des paroles simples mais captivantes. Cet album est incontournablement un excellent choix que ce soit pour les rudes nuits d’hiver ou les longues soirées chaudes d’été.
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