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Festival de Cannes, « Vicky Cristina Barcelone» en hors compétition
Ménage à trois au pays de Don Juan, version Woody Allen
19 Mai 2008

A 72 ans, le New-yorkais Woody Allen est pour la 10e fois en hors compétition à Cannes. Après sa trilogie londonienne, Allen a posé sa caméra à Barcelone à l’invitation d’un producteur local, pour cette fantaisie.

Le 61e Festival de Cannes a ri avec l’Américain Woody Allen et sa comédie légère "Vicky Cristina Barcelona". A 72 ans, le New-yorkais Woody Allen est pour la 10e fois en hors compétition à Cannes. Après sa trilogie londonienne - "Match Point", "Scoop", "Le rêve de Cassandre" -, Allen a posé sa caméra à Barcelone à l’invitation d’un producteur local, pour cette fantaisie. Le décor est planté avec rapidité, voire désinvolture, par une voix off: deux jeunes amies américaines, la sérieuse Vicky (Rebecca Hall) et la très délurée Cristina (Scarlett Johansson) passent l’été dans la capitale catalane. Dans la ville au romantisme quasi accablant que dépeint Allen, à grand renfort d’airs de guitare, de jardins luxuriants et de façades baroques signées Gaudi, les deux filles rencontrent Juan Antonio (Javier Bardem), un peintre torturé par la séparation d’avec sa femme, Maria Elena (Penelope Cruz). Séduit par Vicky autant que par Cristina, le bellâtre les invite d’emblée toutes deux dans son lit... mais seule Cristina mord à l’hameçon. Juan Antonio et elle entament alors une liaison, bientôt contrariée par la réapparition de la violente Maria Elena: après avoir lutté pour le coeur du même homme, les deux amantes trouvent dans l’amour à trois un véritable eden. Très en forme, les acteurs de "Vicky Cristina Barcelona" jouent avec les clichés de la comédie romantique, tandis que la mise en scène joue du second degré: chanson mièvre en guise de bande son, scènes d’amour sabotées... Les moments les plus comiques du film sont de brillantes joutes oratoires où Maria Elena alias Penelope, en furie, prend le pouvoir en s’adressant en espagnol dont Cristina-Scarlett ne comprend pas un mot, à leur amant commun. Penelope Cruz y laisse exploser son tempérament sanguin, et fait alors penser à la grande tragédienne Anna Magnani, la puissance comique en plus. Bref, Woody Allen oppose dans cette comédie légère mais pétillante un marivaudage et un libertinage de bon aloi, nimbés de la douceur et de la sensualité des nuits d’été ibériques, à un monde anglo-saxon, plus précisément américain, mettons plus "pratique". Allen, qui fut oscarisé pour "Annie Hall" (1977), a tourné à Barcelone mais aussi dans les Asturies et notamment à Oviedo, où l’on peut voir sa statue à même le trottoir. On sourit, et on rit aussi, à certaines répliques, comme d’habitude et il est particulièrement plaisant de voir Penelope Cruz voir rouge à l’écran, même si c’est de façon un peu plus outrancière que dans "Volver", de Pedro Almodovar. Dans un long entretien donné au quotidien britannique The Guardian en 2001, et interrogé sur une éventuelle ambition qu’il n’aurait pas concrétisée, Allen affirme tout de go qu’il aimerait réaliser "un grand film", du même niveau qu’un "Rashomon" d’Akira Kurosawa, que "La Grande Illusion" ou "La Règle du Jeu" de Jean Renoir. Il dit ne pas trop y croire et ce n’est pas avec "Vicky Cristina Barcelona" qu’il réalisera ce rêve mais c’est assumé. D’autant que cette comédie s’achève sur une note qui, sans être forcément tragique, prête toutefois à un sentiment de tristesse, comme l’a observé Woody Allen en conférence de presse. "Personne n’en sort réellement heureux",
a-t-il dit.


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