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Elles ont vécu la guerre de libération et elles racontent
Femme moudjahida femme engagée
6 Novembre 2007

Elles étaient belles, jeunes et déterminées. Elles ont cru en une cause juste. Une cause qui valait tous les sacrifices. Les mots ne suffisent pas pour décrire leur courage et leur conviction. La guerre de Libération, elles l’ont vécue dans leur âme et dans leur chair. Au moment où certaines filles de leurs âges pensaient au mariage, elles pensaient à l’Algérie... Chacune à sa manière, elles ont combattu un colonisateur bestial. Engagées, elles rêvaient d’une Algérie libre...

Mme Louisette Ighilahriz est le nom d’une révolutionnaire par qui la pratique de la torture durant la guerre de Libération par des parachutistes français est revenue sur scène.
Depuis l’année 2000, Louisette Ighilahriz consacre son énergie et son temps pour dénoncer la torture pratiquée par certains militaires français.
Même si elle n’a jamais cessé de dénoncer ces actes barbares, elle a reconnu qu’il lui était «difficile de révéler tout ce que j’avais subi pendant les séances de torture de 1957».
Ce témoignage, elle le veut un message adressé à la jeunesse : «L’indépendance de l’Algérie ne nous a pas été offerte par la France.»
La détermination et l’engagement de cette jeune Algéroise, engagée, alors encore lycéenne, comme agent de liaison, les tient de son défunt père. «Au déclenchement de la guerre de Libération, mon père s’est adressé à nous : «C’est la Révolution. J’ai fait don de votre vie à l’Algérie. Il faut que chacun accomplisse son devoir. C’est le début de l’indépendance et la fin du colonialisme. Il ne faut surtout pas trahir vos frères, parce que si vous trahissez vos frères, vous allez trahir votre patrie.»
Pour nous, elle est revenue cinquante ans en arrière, 1957. L’année de son arrestation par l’armée française.
«Après l’arrestation de ma sœur en 1957, j’étais dans l’obligation d’entrer dans la clandestinité, alors j’ai rejoint le maquis. Le 28 septembre de la même année, mon groupe a été encerclé dans une ferme à Chebli dans la Mitidja. Devant la supériorité numérique de notre adversaire, nous avons perdu la bataille. Durant l’accrochage, j’étais blessée puis on m’a transportée d’urgence dans un hôpital. J’ai passé trois mois dans les locaux de la 10è division des parachutistes à Alger, où j’ai été torturée. C’est un médecin militaire qui m’a sauvée en me transférant dans une prison pour recevoir des soins. De 1957 à 1961, j’ai fait plusieurs prisons : Barberousse, El Harrach, les Baumettes à Marseille, la Roquette à Paris et enfin Pau.»
Louisette, que les paras de la 10 DP de Massu surnomment «la Blonde incendiaire», a commencé son activisme dès 1955, en contribuant à cacher des armes et à envoyer des médicaments aux moudjahidine.
Abordant son livre Algérienne, notre interlocutrice dira : «Je souhaite que les Français sachent qu’en Algérie, entre 1954 et 1962, il ne s’est jamais agi d’une opération de «maintien de l’ordre» ni d’une «pacification». J’écris pour rappeler qu’il y a eu une guerre atroce en Algérie, et qu’il n’a pas été facile pour nous d’accéder à l’indépendance. Notre liberté a été acquise au prix de plus de un million de morts, de sacrifices inouïs, d’une terrible entreprise de démolition psychologique de la personne humaine. Je le dis sans haine. Le souvenir en est lourd à porter.»
Son livre ne raconte pas seulement l’histoire d’une femme et d’une militante convaincue, mais il raconte aussi les souffrances et les douleurs d’un peuple.
L’indépendance, Louisette Ighilahriz l’a vécue avec beaucoup de joie, de pleur et de peine. La joie de la liberté et les larmes et la peine pour les amis, les proches et les personnes qui sont tombés au champ d’honneur. «On a toujours de la peine quand on perd une personne proche et quand on sait qu’elle ne reviendra plus», nous a-t-elle lancé. Pour l’avenir de l’Algérie, «vous devez rester debouts. Debouts économiquement et politiquement», estime-t-elle.
Même si elles sont restées loin des feux de la rampe après l’indépendance, elles ont continué à militer pour une autre cause juste. Le développement économique de l’Algérie. Durant la guerre de Libération, elles étaient «les pierres angulaires».
Il s’agit des Moussabilat. Celles qui risquaient leur vie pour les autres. Mme Ali Kaci Tassadit en était une.
Elevée dans une famille de révolutionnaires et de militants de première heure, elle a «épousé» tôt la cause algérienne.
A 16 ans déjà, elle acheminait les vivres, les correspondances et les armes aux moudjahidine.
«J’étais chargée de transporter les lettres. Il ne s’agit pas là d’une mince affaire. De ces lettres dépendait la vie de plusieurs personnes. Nous n’avions pas droit à l’erreur. A chaque fois, je savais que je risquais ma vie et celles d’autres personnes. Ma mission était très sensible.»
Arrêtée à plusieurs reprises, elle a été torturée avant d’être exilée.
De la guerre de Libération, elle garde des souvenirs douloureux et pénibles. «Nous avons milité et combattu pour l’Algérie, pour l’indépendance. Nous avons aussi vécu des moments atroces et acres. L’armée française a commis des massacres et des horreurs contre un peuple désarmé. Pour retrouver notre indépendance, nous avons payé un lourd tribut. Un tribut de sang et de larmes», a-t-elle affirmé.
Ourida Meddad, Djamila Bouhired, Tassadit Ali Kaci, Hassiba Ben Bouali, Louisette Ighilahriz et bien d’autres noms, qui par leur courage, leur détermination et leur dévouement, ont brouillé les cartes et déjoué les stratagèmes d’une des plus grandes armées de l’époque, l’armée française.

Par : Malika L.

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