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Cheikh M’hamed Bourahla
Le kheloui ou la magie du chaâbi authentique
31 Août 2007

Fasciné par la magie du chaâbi, le charme de sa musique et l’incantation poétique qui parfumaient agréablement l’espace du quartier où il est né, cheikh Bourahla prit le départ d’un parcours assez difficile.

C’est par un jour du mois de septembre de l’année 1984 que la nouvelle du décès de cheikh M’hamed Bourahla, un des grands maîtres du chaâbi, est tombée. L’information qui avait, en ce temps-là, circulé dans la ville de Koléa s’était répandue telle une traînée de poudre dans la région pour ensuite toucher Alger et enfin, l’ensemble du pays. Dure à avaler la nouvelle. Quelques années auparavant, le cheikh qui s’était rendu à La Mecque, s’est éclipsé, dit-on, pour ne réapparaître que sept ans plus tard. Au début, l’information qui faisait état du décès du cheikh le 2 septembre 1984 aux Lieux-Saints de l’islam avait été prise avec des pincettes par les fans et amis du cheikh. Né le 8 février 1918 à Koléa, cheikh M’hamed Bourahla a eu dès sa plus tendre enfance un penchant pour la musique, devenue sa véritable passion. Encouragé d’abord par son père également musicien, il bénéficia ensuite du concours d’Ali Biroune. Fasciné par la magie du chaâbi, le charme de sa musique et l’incantation poétique qui parfumaient agréablement l’espace du quartier où il est né, cheikh Bourahla prit le départ d’un parcours assez difficile. Jouissant d’une bonne réputation. Il commença, à partir de 1946, par constituer un répertoire au fil des soirées qu’il donna dans différentes circonstances. Bourahla trouva en Hadj M’hamed El-Anka, maitre incontestable et incontesté de la chanson chaâbi, dont il appréciait énormément le travail et la valeur, un conseiller des plus précieux. Cheikh Bourahla était, lui aussi, à force de travail, de sérieux et d’amour pour le chaâbi, devenu un des maîtres incontestés de la musique chère à Mustapha Nador. Il a le mérite d’avoir ressuscité la vie d’un grand maître d’autant qu’il a créé un style de chant bien particulier qui ne répond à aucun critère imposé par l’école ankaouie et que Rachid Boukhari, un ami du chikh, qualifie de style kheloui, dans un livre qu’il lui a consacré. Après avoir été l’élève de Kouider Kezadri et pétri de connaissances musicales apprises de son maître que Bourahla, forma un orchestre composé de chevronnés à l’image de Ali Haouati, Ali Semmar, Abdelkader Guerrous. Son nom commença à partir des années 1940 à retentir dans les milieux artistiques. Il sera dès lors sollicité pour animer les fêtes familiales à Koléa, Cherchell, Blida et d’autres villes de la Mitidja. Son passage à la radio en 1947 fut une révélation. Les mélomanes les plus avertis découvrirent, alors, un cheikh digne de la noblesse du chaâbi. Après ces premiers succès, Bourahla est sollicité, un peu partout. Avec sa voix chaude, un mandole qu’il maîtrise avec assurance et précision et un style d’un genre unique font que les touchiate, istikhbarate et qacidate sont exécutés magistralement. Pour enrichir son répertoire poétique, Bourahla effectue en 1948 un voyage au Maroc où il rencontra un des grands bardes du melhoun, en l’occurrence, cheikh Driss El Alami (mort le 23 mars 1965 à l’âge de 95 ans). Cheikh Bourahla à chanté plusieurs volets de la vie et réalisé nombre d’enregistrements des chansons de son répertoire telles Yama dha sare, Ya hmama, Nedjmât El Koléa, une chanson dédiée à l’ESMK (club local de football) et bien sûr, Sidi Ali Embarek ya saken lakléa, chanson que le cheikh dédia à sa ville, Koléa. Cette ville fondée en 1550, sous le règne de Hassane Ben Keïr Ed Dine fut d’abord, peuplé d’Andalous et de Maures d’Espagne. Sidi Ali Embarek, Saint patron de la ville, arriva à Koléa au XVIIe siècle où il est enterré. Son tombeau se trouve à l’intérieur d’une qouba très visité par les habitants de la ville et où est également enterré cheikh Ben Allal Ben Embarek, un descendant du saint homme, qui était lieutenant de l’émir Abd-el-Kader, mort lors d’un combat qu’il a livré avec ses hommes, dans la région ouest du pays, contre les troupes coloniales, le 11 novembre 1843. Bataille suite à laquelle le lieutenant de l’émir fut décapité et sa tête ramenée à Koléa par les chefs de l’armée coloniale de l’époque. Koléa, cette ville qui fut détruite par un tremblement de terre en 1825, puis rebâtie est située sur le versant sud du plateau du Sahel en face de Blida et à 39 km à l’ouest d’Alger. Koléa qui veut dire, aussi, la petite citadelle domine la vaste plaine de la Mitidja, en ayant pour horizon la ligne bleue de la Méditerranée. Sa position admirable fait d’elle la reine du Sahel et ce, au regard du magnifique panorama des montagnes du petit Atlas. Elle voit serpenter à ses pieds le Mazafran, qui entoure son territoire jusqu’à son embouchure. Maisons coquettes avec cours et jardins plantés d’arbres ; eaux abondantes ; fontaines et bassins font de Koléa la ville natale de cheikh M’hamed Bourahla et protégée par Sidi Ali Embarek, l’un des territoire les plus fertiles de la région de la Mitidja avec ses vergers de néfliers et autres fruits. Pour revenir à cheikh Bourahla, celui-ci et avec le témoignage de tous ceux qui l’on connu, a eu une vie très riche culturellement et après sa mort, survenue le dimanche 2 septembre 1984 à la Mecque, il a laissé une bibliothèque comportant des textes poétiques d’expression populaire d’une valeur inestimable.

Par : Mohamed TAHAR

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