Le chanteur algérien Akli Yahiaten a donné un récital, samedi à Alger, à la salle Ibn Zeydoun, en clôture du 6e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv), devant de nombreux fans, venus manifester leur gratitude à leur idole et revivre avec lui son passé prestigieux dans la chanson, marqué par une créativité fertile.
D’entrée déjà, les atavismes et la nostalgie d’antan se sont réveillés, entraînant l’assistance dans un enthousiasme et une euphorie instantanés, provoqués par la raucité de la voix présente et très familière de "Da Akli".
Dans un élan lyrique et une fraîcheur physique insoupçonnés, l’artiste a su replonger ses admirateurs dans l’ambiance d’un passé éblouissant durant lequel il a enchaîné les succès nourris par l’amour de la patrie, rapporte l’APS.
Chantant le pays, "A thamourth iw thamourth idhourar" (Ô mon pays de montagnes), Arras awal (Répond à son appel), le chanteur a évoqué la grandeur de la nation algérienne et l’importance de la voir entourée de ses enfants pour la protéger et la bâtir. Dans la douceur des mélodies et la conciliation des paroles, le voyage a continué pour chanter la femme dans sa splendeur et sa beauté, consacrée dans A tharam’men’t (Ô la grenade), Azrigh ezzine dhi Michli (J’ai contemplé la beauté à Michelet).
El firak vezzaf yewaâr (La séparation est tant difficile), Yal’ menfi (Ô, toi, le banni) ou encore Jahegh (Je me suis voué à l’errance), dans un autre registre, ont rappelé à l’assistance la séparation et la contrainte à l’exil comme impératifs catégoriques, dictés, pour certains, par le contexte de l’Algérie en guerre pour son indépendance, sans laisser d’alternative aucune.
Rendant hommage à Dahmane El-Harrachi qu’il a qualifié d’"ami", l’artiste a chanté "Ya nekkar el melh wet’taam" (Ô, toi, renégat à tes compagnons), une des chansons du regretté qui incite à la tolérance et à reconnaître la bonté des autres avant d’enchaîner dans des rythmes dansants et plus légers, quelques pièces du patrimoine marocain.
Dans un élan qui a rappelé à la mémoire les moments d’une carrière pleine et riche, Akli Yahiaten a interprété ses anciens succès avec un enthousiasme et un plaisir partagés avec ses fans qui l’ont accompagné, dansé et chanté avec lui, donnant l’impression de se faire livrer un patrimoine dont ils ont toujours été dépositaires. Né en 1933 près de Boghni (Tizi-Ouzou), Akli Yahiaten s’est exilé en France à l’âge de 17 ans où il a rencontré Slimen Azem, Zerrouki Allaoua et Cheikh El Hasnaoui qui ont aiguisé sa passion pour la chanson.
Suspecté de collecter des fonds pour la cause nationale, il est emprisonné à plusieurs reprises, saisissant ainsi l’occasion de se consacrer à ses nombreuses compositions qui feront son succès et sa notoriété.
Outre les chansons interprétées lors de la soirée de clôture du Feliv, le doyen de la chanson kabyle compte aussi dans son répertoire "Yal moujareb", (Le chevronné), "Yedja yemmas" (L’abandon de sa mère), A minigh awal (Je te dis ceci), entre autres.
Le 6e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv), tenu du 13 au 22 juin à Alger, Tipaza et Tizi-Ouzou, a vu la participation de 45 auteurs algériens et étrangers avec la tenue de 30 rencontres littéraires et la programmation d’ateliers et de concerts de musiques.