La chanteuse Souad Asla a donné, mercredi dernier, un concert à l’Auditorium de la radio algérienne, à Alger, dans un style entraînant, riche en métissages et en couleurs, invoquant l’immensité du désert, terroir d’un patrimoine culturel qui présage le futur.
Mettant en valeur les coutumes et les traditions ancestrales dans des sonorités actuelles, Souad Asla, a choisi de donner à son récital un contenu authentique dans une forme esthétique moderne.
Messagère de la Paix et de l’humanisme, la chanteuse aux pieds nus évoque l’amour, le quotidien et l’émigration clandestine, dans Sbah Jawal, Djabouna, Zawali et Bakhira alors que dans Salamou, salamou, elle dénonce le colonialisme et les affres de la guerre.
Marchandise, allusion directe aux méfaits de la mondialisation a été reprise en chœur par le public rejetant la commercialisation effrénée du fait culturel au détriment de la créativité. Moulay Brahim, Yal’wali et Laylah aylel’lah ont communiqué des atmosphères mystiques appelant à la fraternité des peuples et au dévouement envers son prochain dans les valeurs de la tolérance et l’humanisme.
Les mélodies autochtones, conçues dans les gammes pentatoniques, qui caractérisent les musiques du Sud, et les intervalles espacés, qui évoquent la sagesse du désert, ont mis en valeur le patrimoine algérien.
Les rythmes endiablés aux atmosphères envoûtantes, ont permis des mélanges réussis de couleurs et de styles, mêlant les percussions locales à la salsa cubaine et à la samba brésilienne.
Des moments de jubilation et de magie ont été marqués par l’enthousiasme des spectateurs, qui ont donné du répondant à travers des danses improvisées, créant une ambiance conviviale dans l’allégresse et le relâchement.
Six musiciens, formant l’orchestre qui a accompagné la chanteuse, se sont surpassé, éprouvant un plaisir apparent à exhiber leur maîtrise de l’instrument et leurs prouesses techniques.
Smaïl Belhouhou, pianiste et chef d’orchestre a permis le brassage des styles, se frottant aux sonorités jazz sur des rythmes du terroir tels que le "zendali", le "targui" ou le "berouali" dans des envolées de haute technicité et des improvisations savamment exécutées.
Originaire de Béchar, Souad Asla, élève de Hasna El Becharia, avec laquelle elle a collaboré, perpétue la tradition gnawa, style de musique ancestral, à travers un travail de création qui vise à préserver la mémoire du peuple algérien et son patrimoine. Le Festival culturel européen, ouvert, dans sa 14e édition, aux villes d’Oran et d’Annaba se poursuit jusqu’au 30 mai.