En 1974, la Kabylie se souvient … Invité à la fête des cerises à Larbaâ Nat Iraten, le père de Tirgaw fenane le rêve d’un artiste devait chanter à sa façon «le temps des cerises.» Il a été empêché comme le fut Mouloud Mammeri en 1980 lors de la présentation de son livre «Poèmes Kabyle anciens» à Tizi-Ouzou.
Déçu, mais pas découragé notre poète qui est rentré au pays en 1963 avait pourtant nourri l’espoir à l’indépendance conquise au prix d’immense sacrifices dans la lutte qu’il chanta d’ailleurs admirablement bien dans sa chanson L’zzayer n’chalah atsehloud (Algérie, puisses-tu panser tes blessures).
Cependant, Dda Cherif s’est fait également le chantre de la beauté et de la liberté de la femme. Féministe à la première heure, celui qui avait appris le Saint Coran en 1948 reconnaissait à la femme des droits indescriptibles. Cherif Kheddam dans ce registre à des textes sublimes. Aussi est-il une voix autorisée dans cet esprit Dda Cherif chante le respect de la femme car celle-ci s’honore par elle-même d’abord dans sa conduite au quotidien et par sa libération dans le travail, et a contrario, elle aura beau se draper dans n’importe quelle bure cela rien ne fera pas pour autant un modèle de vertu. Cette réflexion Cherif Kheddam nous la donne dans sa chanson, D’achou l’hajev t’harit, denif matkesvit, tartah iw garez ouhayek qui se traduit par (Ö femme, nul besoin de te voiler, ta pudeur c’est ton comportement et non pas le tissu dont tu t’enveloppe). Avec son charisme et sa bonté bien chevillée au corps il est à l’origine de l’éclosion d’immences talents grâce à son émission de la chaîne 2 Ichenayene uzzeka.
C’est de cette émission qu’ont apparue aussi, Idir, Ferhat Mehenni, Aït Menguelet, et la diva Nouara pour qui il composa et avec laquelle il chanta divinement. A l’étude de son répertoire, on s’aperçoit que l’artiste a accompli avec une égal talent aussi bien la symphonie, la versification, que l’interprétation. Il est de ces génies pour qui aucun aspect de la chanson n’est étranger à l’instar des plus grands, tels que El Hassnaoui, Elanka, Dahmane, Wahbi, Ferré… on en passe et des meilleurs. Et tous ont célébré la femme dans des textes d’une inoubliable beauté en la mettant d’autant plus en valeur.
Ainsi, Dda Cherif, d’un incommensurable brio a tout chanté, la révolution, la femme, l’amazighité, la patrie avec constance. Qu’on s’en souvienne.
Le maestro est parti sans bruit rejoindre ses compagnons de combat, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Matoub, Mohya… au Panthéon de la culture et des hommes libres.
Dda Cherif a laissé un bel héritage à la génération future. Qu’il repose en paix ce Monument de la chanson algérienne. Chérif Kheddam a été enterré, hier, dans son village natal de Bou Messaoud dans la wilaya de Tizi-Ouzou.