Des spécialistes en cinéma ont estimé, dimanche dernier à Alger, que le concept d’un cinéma arabe post-révolution n’a pas encore mûri, même si l’impact des évènements du printemps arabe sur le 7ème art dans les pays arabes commence à se faire sentir.
Réunis lors d’une conférence-débat dans le cadre de la 2e édition des Journées cinématographiques d’Alger, ces spécialistes en provenance d’Egypte et de Syrie ont relevé qu’il leur était difficile d’imaginer l’influence des révoltes populaires qu’ont connues et connaissent les pays arabes sur le cinéma local et l’imaginaire des cinéastes, notamment.
Pour ces professionnels du cinéma, il est encore prématuré de parler d’un nouveau cinéma arabe, car la situation sociopolitique qui prévaut dans le monde arabe reste "marquée par une contestation populaire qui perdure dans certains pays face à des régimes qui résistent", ont-ils expliqué.
Mustapha Kilani, critique égyptien, a d’emblée précisé que les évènements qu’a connus son pays n’auront "aucun effet négatif sur le cinéma" égyptien, même avec l’éventuelle apparition de nouvelles productions réalisées dans styles différents.
Pour lui, le cinéma égyptien est le
"plus ancien" dans le monde arabe et rien ne pourrait diminuer de sa valeur artistique et créative, faisant savoir que des jeunes ont profité de la révolte populaire qu’a connue l’Egypte pour filmer les événements dans la rue.
Ces images montées représentent pour Mustapha Kilani des films qu’il qualifie d’"ordinaires et simples", traduisant d’importants évènements sans constituer, pour autant, des œuvres cinématographiques à inscrire dans un nouveau genre de cinéma qui serait "le cinéma arabe post révolution".
Toutefois, la révolte populaire a permis, selon lui, de libérer la création artistique chez de jeunes réalisateurs.
Pour sa part, la critique syrienne Lama Tayara est catégorique sur la question : les nouvelles productions, basées principalement sur un montage d’images de la contestation populaire arabe, en Egypte ou en Tunisie, "ne représentent aucunement des œuvres cinématographiques, mais des travaux amateurs qui devraient servir plus les média", a-t-elle jugé.
Dans le cas de la Syrie, un pays dont la production cinématographique, en termes de fiction, est "limitée", les évènements sociopolitiques que traverse actuellement le pays ne pourraient, selon elle, inspirer dans l’immédiat des réalisateurs syriens, car "ils sont en plein dedans", a-t-elle expliqué.
La 2e édition des Jca, ouverte jeudi dernier à la cinémathèque d’Alger, se poursuit jusqu’au 11 juillet. Trente-deux productions de dix-sept pays, dont l’Algérie, seront projetées tout au long de cette rencontre, organisée par l’association "A nous les écrans".
Des longs et courts métrages ainsi que des films documentaires représentant L’Algérie, la France, la Syrie, la Mongolie, la Palestine, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Suisse, la Belgique, le Canada, la Turquie, la Grèce, le Burkina-Faso et le Liban, sont au menu, ainsi que des conférence débats sur divers thèmes liés au cinéma arabe.