Le symbole du féminisme représenté par Shahrazade "n’est pas près d’être détrôné", a estimé Geneviève Buono, femme de théâtre française qui vient de réaliser avec son compagnon, Claude Chevalier, une nouvelle adaptation à la scène du conte des "Mille et une Nuits", présentée au festival de la littérature et du livre de jeunesse, à Constantine. Native d’Alger, pratiquant couramment l’arabe, Geneviève Buono qui revendique haut et fort ses origines algériennes ainsi que sa parenté (nièce) avec le martyr de la Révolution Maurice Audin, va à contrario de certains courants féministes qui voudraient déboulonner Shahrazade en tant que symbole du féminisme. Dans l’adaptation qu’elle vient de faire du célèbre conte, l’héroïne principale est parée des attributs d’intelligence et de force de caractère qu’on lui connaît, mais Geneviève Buono, lui ajoute des qualités de "sauveuse" de son pays et de mathématicienne. "En ma qualité de professeur de maths, issue d’une famille de matheux, je n’ai pas résisté à l’envie de compléter le savoir, déjà vaste de Shahrazade en mathématiques", a-t-elle indiqué. On voit donc une Shahrazade sauver d’une grave discorde la cour de Shahriar, son mari et bourreau potentiel, en trouvant la solution à un problème de maths qui a semé la zizanie parmi les vizirs et les notables du royaume.
Outre cette nouveauté, Shahrazade, passe allègrement du moyen-âge aux temps modernes pour faire naturellement des incursions dans l’actualité politique française et internationale, ou pour chanter des tubes d’Edith Piaf ou de Dalida, qui illustrent une situation de l’histoire racontée. En plus d’avoir osé une actualisation intelligente du conte, cette version théâtralisée des "Mille et une Nuits", a eu le mérite de porter à la scène, avec très peu de moyens, une œuvre connue pour l’enchevêtrement de ses histoires et le faste de leurs toiles de fond, et de réussir à accrocher le public de jeunes et de moins jeunes qui ont eu l’occasion de la voir. Avec pour seul accessoire la guitare de Claude Chevalier qui, tantôt joue la musique de fond, tantôt donne la réplique à sa compagne, le spectacle a réussi à retenir l’attention du public et à lui faire découvrir (ou redécouvrir) ce conte qui n’a pas cessé d’inspirer les créateurs de tous bords et de toutes disciplines.