Le jeune Faouzi Ben Brahim a donné au public, qui a assisté jeudi soir, au spectacle de clôture des Journées du théâtre professionnel de Constantine des raisons d’espérer un avenir radieux pour l’art des planches en Algérie. Ce jeune de 26 ans, probablement le plus jeune metteur en scène de théâtre en Algérie, est en effet le maître d’œuvre d’un des spectacles les plus réussis de la manifestation et qui a agréablement surpris le public par sa qualité, en l’occurrence Le marécage des loups, dernière production du théâtre régional de Batna, une pièce donnée en clôture de ces journées. Un coup d’essai qui respire le talent, tant par le choix du texte que par la qualité de la mise en scène et de la scénographie. Le public, présent en grand nombre, y a été sensible comme cela se sentait à travers son attention et ses réactions ponctuées par une standing ovation lorsque apparut sur scène, à la fin de la pièce, le jeune metteur en scène. Le texte du Marécage des loups’ (Moustan’qaâ eddi’ab) pour le titre original était pourtant en arabe classique, ce qui ne manque pas d’interloquer quelque peu au début du spectacle. Faouzi Ben Brahim, qui se dit adepte des textes de théâtre universel, n’a pas voulu toucher "à la traduction originale" de ce texte du dramaturge suisse d’expression allemande Friedrich Dürrenmatt, et dont le titre originel est Frank . "C’est un peu par dépit que je me suis vu un peu contraint de passer à la mise en scène", explique ce jeune espoir des planches qui trouve que le public est "souvent peu considéré en Algérie" et même pris, parfois, pour un "taré" tant la plupart des spectacles qui lui sont servis font peu de cas de son intelligence. "J’ai voulu donner ma vision des choses et, Dieu merci, mes amis du théâtre de Batna m’ont fait confiance, comme je leur ai fait confiance en les choisissant comme partenaires de mon premier coup d’essai dans la mise en scène", a-t-il ajouté. Ce jeune homme de théâtre a dû travailler pendant deux ans sur ce texte qui est à l’origine une comédie musicale pour laquelle il a fallu procéder à des décalages et des adaptations pour supprimer la partie musicale sans trop en altérer le fond. La pièce est une satire féroce du Dieu argent et des comportements avilissants et déshumanisants que son adoration génère dans son sillage. Produit authentique du théâtre algérien, Faouzi Ben Brahim, dernier d’une fratrie de dix enfants d’une famille batnéenne, a découvert très tôt son amour pour le théâtre et sa vocation pour le 4e art. Une fois le bac en poche, il n’a pas hésité à rejoindre l’Institut des arts dramatiques de Bordj El-Kiffan où son talent a vite été remarqué. Il n’a pas tardé à jouer dans la cour des grands et dans des spectacles d’Ahmed Rachedi, de Sonia, et même avec le grand cinéaste syrien Nadjet Anzour dans Mémoire de corps, le roman de la femme de lettres algérienne Ahlem Mostaghanemi, porté à l’écran par ce réalisateur et dans lequel Faouzi Ben Brahim s’est frotté au grand acteur syrien Djamel Souleyman.