Le folklore Ahellil, patrimoine immatériel ancestral, auquel la ville de Timimoun (Adrar) consacre un festival annuel dont la quatrième édition se déroule actuellement, est profondément enraciné dans la culture des populations de la région du Gourara, dans le Sud algérien. Figurant parmi 43 genres artistiques d’expression orale répandus dans le Gourara, au Nord de la wilaya d’Adrar, l’Ahellil consiste en des rythmes spécifiques, exécutés, généralement le soir, dans les lieux publics, lors de fêtes familiales ou lors de visites de mausolées de saints patrons de la région. Classé patrimoine immatériel universel par l’Unesco en 2005, le genre Ahellil tire sa spécificité de la manière dont il est exécuté, à travers des chants interprétés par des participants assis en cercle. Selon le commissariat du festival de Timimoun qui s’est ouvert lundi pour prendre fin le 31 décembre, le terme Ahellil signifie "Ahl El Lil" (gens de la nuit), parce que ce genre est généralement chanté la nuit. Certains lui trouvent un lien avec l’Islam, faisant un parallèle entre Ahellil et Tahlil (louanges), au regard de la nature des textes chantés glorifiant Allah. Ce patrimoine immatériel ancestral, les populations locales l’ont adopté, depuis des temps immémoriaux, lors de leurs fêtes et occasions heureuses, selon ses connaisseurs. Aujourd’hui chanté uniquement par les hommes, ce genre lyrique n’était pas, par le passé, leur apanage. Des femnes, localement connues sous le nom de El Goualat (Chanteuses), à l’exemple de la regrettée Dada Hasna, l’interprétaient autrefois. Concernant la disposition de la scène de chant et de danse de l’Ahellil, des hommes se dressent en forme de cercle, au entre duquel "l’Abechniou" (poète ou chanteur) se présente, accompagné de joueurs de Tamdja (flûte) et du Gallal (instrument à percussion traditionnel). La flûte joue un rôle essentiel dans le rythme qu’imprègne l’Abcheniou à l’interprétation lyrique, et dans le classement des morceaux poétiques qui sont repris et répétés par la chorale, de façon rythmée, en battant des mains, dans une symbiose singulière. Parmi les attraits qui font le charme d’Ahellil, la cohésion du cercle formé par ses exécutants, qui traduit la beauté et la sérénité de la spiritualité des textes chantés, dans une gestuelle cadencée au rythme des voix harmonieuses de la chorale orchestrée par le chanteur. Les textes d’Ahellil abordent des thèmes tout aussi divers que la religion, le triomphe, l’amour et la fidélité, et célébrent les épopées et gestes populaires de la région. S’exécutant en trois étapes, la danse d’Ahellil commence avec le jeu du flûtiste, en préparation de l’entrée du chanteur qui, d’une voix tonifiante, débute par les gammes les plus hautes accompagnées de battements des mains, sur des rythmes qui en régulent l’exécution. Cette gestuelle artistique se poursuivra tout en harmonie entre le chanteur et la chorale jusqu’à ce que l’interprète achève son chant, sous le rythme envoûtant des louanges au Créateur chantés par la chorale : "Allah Ya Allah" et "Ya Moulana