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Lettres à Neyla-Mériem
Le livre testament de Leïla Aslaoui-Hemmadi
24 Avril 2010

Mme Leila Aslaoui-Hemmadi vient de faire paraitre un nouveau livre intitulé «Lettres à Neyla-Mériem». Paru au Editions Dalmen. Cette nouvelle œuvre se veut comme un message à l’adresse des femmes algériennes en général et à sa petite-fille en particulier.
«Il est très difficile à une femme d’agir en égale de l’homme tant que cette égalité n’est pas universellement reconnue et concrètement réalisée». C’est sans aucun doute cette réflexion de Simone De Beauvoir qui résume le mieux le livre de Leila Aslaoui.
Le commandant Azzedine (Rabah Zerari) qui a préfacé le livre qualifie l’auteure de brave femme car, écrit-il, Aslaoui «nous disait avec un courage aussi rare que ses consœurs dans cet univers moustachu, la délicate mission de délivrer la loi en Algérie, surtout lorsque le départiteur se trouve être une femme minorée pour la vie et l’éternité, par une législation médiévale gravée dans le marbre d’un extravagant Code de la famille voté en 1984 par un Parlement insane». «Dans ce livre qui se lit comme un caramel, qu’elle adresse à Neyla-Meriem, sa petite-fille, mais en fait à tous les petits enfants, citoyens d’Algérie, ancêtres de l’avenir, Leïla Aslaoui livre, pour exemple, une expérience humaine, féconde, intense. Une vie vraie. Un destin et une espérance de femme de ce pays. Une femme qui exerce le dur métier de femme. Un vécu tout simplement algérien» poursuit-il.
Il est vrai que ce livre, écrit avec un style très fluide et passionnant, fait penser à nos mères, sœurs, et consœurs et à nous même qui ne cessons de lutter pour une vie meilleure et juste.
Leila Aslaoui crie haut et fort que la vie n’est pas soumission, exhortant ainsi celles qui veulent bien l’entendre de poursuivre la lutte. La vie, selon elle, vaut largement d’être vécue et non pas subie.
Il s’agit de transmettre un héritage, non pas matériel, mais intellectuel, l’auteure le souligne d’emblée : «En évoquant pour elle et avec elle ma vie de femme, je lui parlerai de mes souvenirs mais surtout de mes repères. Enfin, à l’ère des «textos», je voudrai qu’elle sache que rien ne remplacera le charme de l’écriture. Je souhaiterai surtout voir ma petite-fille prendre possession de son destin, agir sur le cours des choses. C’est mon espérance, celle qui donne tout sens à cet ouvrage. Mon espérance et mon ambition».
«On ne naît pas femme : on le devient», ce credo de Simone de Beauvoir se vérifie sous la plume de Aslaoui.
Les premiers chapitres du livre s’ouvrent sur la naissance de Neyla-Mériem. Un événement qui apporte la joie à la famille Aslaoui-Hemmadi. «Je souhaite que ta vie puisse ressembler au prénom qui est le tien. Je sais que tu porteras chance à tes parents» écrit-elle.
Au fil des chapitres l’écrivaine se fait un devoir de « prévenir » sa petite-fille sur ce qui pourra l’attendre.
La militante féministe forme l’espoir de voir dans 20 ans les choses s’améliorer à l’égard des femmes. «Je ferme les yeux tu as vingt ans. Te voici devenue une belle jeune fille, insouciante et heureuse de vivre. Tu es étudiante et conduis ta voiture. Nous sommes en 2027.
La minorité de l’Algérienne n’est plus qu’un mauvais souvenir. Les femmes ont acquis le droit de conclure seules leur contrat de mariage sans la présence obligatoire de leur tuteur matrimonial. La polygamie a été abrogée, les mères et épouses ont les mêmes droits que leur mari en matière de tutelle, d’autorité parentale et de divorce».
Le livre se clôt sur une note émouvante déclinée « à cœur ouvert » dans un Post-scriptum: «Je voulais t’épargner l’horreur, mais comment passer sous silence les «années rouges», alors même qu’elles sont partie intégrante de ton Histoire ? Comment évoquer la mémoire de ton grand-père, Mohamed-Réda Aslaoui, sans te parler de la lâcheté de ses assassins ? Comment te dire une vie qui bascule parce que la haine et la bêtise humaine en ont décidé ainsi ?» Plus loin elle ajoute : «Cette page d’Histoire que je ne pouvais passer sous silence sera ton autre fierté. Elle t’appartient, fillette, car Mohamed-Réda Aslaoui a contribué à son écriture, lui avec son sang, nous avec notre douleur. Ne l’oublie jamais» exhorte-t-elle.

Par : Kahina Hammoudi

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