«Le lexique de Francarabe» est l’intitulé de l’ouvrage du jeune auteur, Abdelhafid Azouz qui vient de paraître chez Thala Editions, et présenté à l’occasion du dernier Sila. Un corpus document dont le contenu se veut un clin d’œil à ceux qui se meuvent dans l’univers algérien où «l’anarchie linguistique a encore de beau jours devant elle». Dans cet ouvrage, le néologisme du terme «Francarabe» est motivé par le patchwork de mots exprimés (parlés ou écrits) en français dans une bulle algérienne. «J’ai eu l’idée d’élaborer cet ouvrage en observant les graffitis au niveau de mon quartier de résidence, El Biar… J’ai été horrifié par le nombre et la gravité des fautes lexicales, de syntaxe relevées sur les enseignes commerciales, les publicités, les affiches, etc.», explique l’auteur qui ajoute que «l’objectif de ce travail met en avant la problématique du parler et de l’écrit de l’Algérien. En d’autres termes, c’est quoi la langue de l’Algérien ?». Une question stimulis, à travers laquelle l’auteur, tout en mettant le doigt sur ce désordre linguistiques, interpelle les spécialistes (historiens, linguistes, sociologues). Il cite de nombreux auteurs ou écrivains algériens ou français qui diagnostiquent «la problématique de l’origine de la difficulté des Algériens à se familiariser avec les langues (…). L’Algérien est comme privé de sa propre identité, [ses repères linguistiques] et le rapport de l’Algérien avec la langue française a toujours été tumultueux», note-t-on dans l’avant-propos de l’ouvrage. «Je ne prétends pas avoir la vocation de défendre la langue française aux dépens de l’arabe [sinon] de présenter aux lecteurs une facette de l’Algérie des paradoxes qui fait son charme, sa singularité et peut-être même son malheur…», relève-t-il. En effet, l’usage du parler algérien, ce langage sans fondation, celle langue non officielle, reste tout de même comprise par tous (…). Elle s’enrichit chaque jour de nouvelles expressions que la rue alimente, commente l’auteur qui, le long du corpus chargé d’illustrations ‘’parlantes’’, épingle les énormités et les bourdes lexicales recueillies dans notre environnement immédiat : enseignes de commerce, plaques de signalisation routières, traductions éculés de l’arabe au français et vice versa. Telle est la langue dialectale qui s’impose comme nouveau vecteur. En termes clairs, le «francarabe» est cette alliance ou mésalliance, c’est selon, de deux entités linguistiques dont les mots sont transférés d’une langue pour être conjugués et «pensés» dans une autre, au point de donner l’impression que «les Algériens se jouent des mots», résume l’auteur qui est, soulignons le, diplômé de l’Institut de commerce international et exerce, actuellement, comme consultant en économie.
F. B. H.
«Lexique de Francarabe» de Abdelhafid Azzouz
Ed. Thala Editions, 71 pages, PP. 250 DA