Harkis, pieds-noirs, descendants d’esclaves ou petits-enfants de colonisés…, la guerre des mémoires enfle. Chaque communauté, réelle ou autoproclamée, réclame une stèle, un mémorial, une loi. Communautarisme ! Atteinte à la République !
Maladie de la repentance ! Tandis que les uns crient au sacrilège, des associations de noirs et d’enfants de l’immigration post-coloniale revendiquent simplement leur place dans le récit national.
Dans un dialogue avec le journaliste Thierry Leclère, l’historien Benjamin Stora, spécialiste de la guerre d’Algérie et de la question coloniale, décode cette formidable foire d’empoigne, riche de passions, de douleurs enfouies et d’arrière-pensées politiques.
Comment se vivre comme descendant d’esclave ou comme fils ou fille de colonisés ? Ce choc des mémoires n’est-il qu’une rumination vaine du passé ou, au contraire, une relecture "thérapeutique" de l’histoire? Qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? Un débat du présent, qui concerne chacun d’entre nous, car il interroge le nouveau visage de la France.
Pour rappel, Benjamin Stora est historien et politologue spécialiste du Maghreb, né en Algérie en 1950. Il a été auparavant chercheur à l’EFEO à Hanoi, professeur invité à l’Université de New York, et a été détaché à Rabat, de 1998 à 2001, pour une recherche sur les nationalismes algérien et marocain.
Benjamin Stora enseigne l’histoire du Maghreb et de la colonisation française (Indochine-Afrique) et codirige l’institut Maghreb-Europe à Paris VIII-Saint-Denis depuis 1990.
Ses recherches ont porté sur des figures oubliées ou méconnues de la Révolution algérienne, sur la question des imaginaires véhiculés par les guerres de colonisation et leur impact sur la société française ou encore sur la question de l’amnésie et du travail de mémoire.
Par : S. D.