Avec une équipe d’une quarantaine d’artistes, Danuta Roman, travaille à ce qui sera le premier film d’animation au monde fait entièrement à partir de peintures à l’huile peintes à la main comme sur cette huile sur toile que Vincent Van Gogh, l’un des plus grands des impressionnistes, avait réalisée en 1887.
Intitulé "Par amour pour Vincent" (Loving Vincent), ce projet s’inscrit dans l’Année Van Gogh célébrée en 2015 à l’occasion du 125e anniversaire de sa mort, explique Sean Bobbitt, le directeur de Breakthru Film, le studio qui réalise cette production de 4,5 millions d’euros.
Ce studio avait déjà réalisé le court-métrage d’animation Pierre et le Loup, version animée de l’oeuvre de Prokofiev, primée par un Oscar en 2007. Pour ce nouveau projet, la tâche est immense. Depuis six mois une quarantaine de peintres s’échinent-ils comme des moines bénédictins. Il faudra quelque 56.000 keyframes, images-clés, pour obtenir un film de 80 minutes, réalisé par Dorota Kobiela, cinéaste et peintre à la fois, selon un scénario du Polonais Jacek Dehnel.
Une fois finie, sa peinture est photographiée et le cadre est envoyé à l’animation. Sur la même toile, Danuta peint le cadre suivant, faisant bouger de quelques millimètres la position des barques pour donner l’impression qu’elles flottent sur la Seine. Sur la toile originale, un train passe sur un pont. Sur le tableau de Danuta, il n’y figure pas encore. Elle le rajoutera sur les prochains cadres.
Dans le film Par amour pour Vincent, le train emmènera à Paris un jeune homme, Armand Roulin, un des membres de la famille Roulin d’Arles dont le Hollandais a fait plusieurs portraits. Toute l’histoire de ce film est racontée à travers les personnages des toiles de Van Gogh, interprétés par des acteurs. Les scènes sont tournées avec eux dans un studio à Wroclaw (sud-ouest), puis sont repeintes dans le style du maître. Le film est ainsi converti en toile, l’image numérique est traduite en peinture.
Le film aborde les circonstances, restées mystérieuses, de sa mort à Auverssur- Oise, près de Paris en 1890. "Plus personne ne connaît la vérité sur sa mort, s’est-il suicidé, a-t-il été tué ? Ou encore autre chose. C’est trop tard pour le savoir à cent pour cent. Ce que nous essayons de faire, c’est de présenter différentes hypothèses et rendre l’une ou l’autre vraisemblable", dit Sean Bobbitt. "Et ce sera au spectateur de se faire une opinion", ajoute Bobbitt.