C’est parti ! Comédiens, mimes, musiciens, pirates et danseuses en tutu ont envahi, samedi, les rues d’Avignon pour le lancement du "Off", quelques heures avant l’ouverture du festival officiel, le "In", retardée d’un jour à cause du conflit des intermittents.
Chacun croise les doigts, après le coup de semonce de vendredi, qui a vu l’annulation des deux spectacles inauguraux du festival, Le Prince de Hombourg et Coup fatal, les équipes ayant décidé de suivre le mot d’ordre national de grève de la CGT Spectacle. Cette dernière avait appelé à un arrêt de travail "massif" pour dénoncer la nouvelle convention chômage, qui durcit les conditions d’indemnisation des intermittents du spectacle.
Après un vendredi morose, où la pluie s’était aussi mise de la partie, l’animation habituelle de la "villethéâtre" a repris ses droits. "Meilleure pièce d’Europe !", clamait un comédien, "Ionesco version tango !", promettait l’autre, parmi plusieurs dizaines d’artistes vantant les mérites de leur spectacle. Le Prince de Hombourg, créé au Festival d’Avignon par Jean Vilar avec Gérard Philipe en 1951, devait, enfin, être donné à 22h00, après la première avortée de vendredi.
"L’engagement qui a été pris est de mener des actions tout en faisant en sorte que le festival ait lieu pour porter la parole de tous", ont-ils précisé lors d’un point presse vendredi après-midi. 80% des personnels avaient voté pour le maintien de cette 68e édition du plus emblématique festival de l’été mardi dernier.
"Léger fléchissement" dans la vente de billets
Olivier Py, dont c’est la première année à la tête du festival, s’est déclaré respectueux du droit de grève, tout en rappelant que "le combat des intermittents doit rester dans un cadre légal". Le Festival d’Avignon (4 au 27 juillet) et le "Off", immense marché du théâtre en marge du festival officiel, drainent chaque année des dizaines de milliers de visiteurs français et étrangers.
Selon l’office du tourisme, la fréquentation n’a pas pâti des perturbations et les hôtels affichent complet. Olivier Py a, toutefois, évoqué "un léger fléchissement" dans la vente des billets (130.000 places au total), ce qui permet aux spectateurs frustrés de la veille de se reporter sur d’autres représentations, s’ils ne souhaitent pas être remboursés.
"L’important, c’est que le public comprenne que nous allons jouer", martèle Greg Germain, qui dirige l’association organisatrice du "Off" et de ses 1.307 spectacles. L’an dernier, le "Off" avait réuni 1.083 compagnies et fait 1,3 million d’entrées. Lors de la précédente crise des intermittents en 2003, l’annulation du Festival d’Avignon avait entraîné plus de 23 millions d’euros de pertes pour la ville et avait privé le "Off" d’une partie de son public.