Quentin Tarantino a déposé une plainte contre le site Gawker, accusé d’avoir incité les internautes à télécharger illégalement le scénario de Hateful Eight, un western que le réalisateur, dépité, a décidé de ne plus filmer. Quentin Tarantino réclame dorénavant un million de dollars au site qui pratiquerait un "journalisme de prédateur".
En cause : un article, publié jeudi 23 janvier, intitulé "Voilà le script du prochain Tarantino qui a fuité sur l’Internet". Dans le texte, Gawker a intégré deux liens permettant de télécharger le scénario, tout en invitant ses "47 millions de visiteurs américains mensuels" à "profiter" de l’occasion, stipule la plainte. Aux yeux de Quentin Tarantino, le site est "allé trop loin" et l’article controversé "n’a aucun intérêt journalistique et se contente de violer les droits d’auteur" du réalisateur.
La plainte vise également AnonFile, le premier site à avoir hébergé le brouillon du scénario de Hateful Eight. Quentin Tarantino lui reproche de ne pas avoir, dès sa première demande, fait disparaître un script que le site "savait protégé par le droit d’auteur". Depuis le dépôt de la plainte, le scénario du western, qui ne verra jamais le jour, semble avoir disparu d’AnonFile. Reste qu’il continue à être en libre accès sur d’autres sites d’hébergement de documents.
Gawker persiste et signe
Si AnonFile semble avoir pris les devants en faisant disparaître de ses serveurs le texte de Quentin Tarantino, il en va tout autrement de Gawker. Le site, connu pour ses articles polémiques sur les rumeurs du show-bizz et du monde technologique, conteste l’action en justice du célèbre metteur en scène hollywoodien. Il accuse le réalisateur d’"hypocrisie".
"Quentin Tarantino, lui-même, a monté la sauce médiatique autour de la fuite en ligne de son scénario", ajoute Gawker. C’est, en effet, le réalisateur qui, le premier, avait révélé - au site américain spécialisé dans le cinéma Deadline- la mise en ligne illégale de son scénario. Il y citait même six suspects - parmi lesquels des acteurs de premier plan comme Peter Madsen ou Tim Roth - qui ont eu accès avant tout le monde au texte.
Pour Gawker, Quentin Tarantino ne devrait pas, ensuite, s’étonner qu’un site d’information fournisse à ses lecteurs le lien vers le script. D’autant plus, d’après Gawker, que "Quentin Tarantino lui-même voulait que le script de ‘Hateful Eight’ se retrouve sur l’Internet". Pour le réalisateur, il n’y a "rien d’anormal que ses scripts se retrouvent en ligne quand il tournait un film", comme il l’explique au site Deadline, mais il en va tout autrement quand il ne s’agit que d’un simple premier jet "remis en toute confiance et discrètement à seulement six personnes". Enfin, Gawker affirme aussi agir au nom de la liberté de la presse.
Il assure que si la plainte aboutit, n’importe quel site d’information qui insère dans un article des liens vers des contenus susceptibles d’être protégés par un droit d’auteur pourrait se retrouver poursuivi en justice. Reste que Quentin Tarantino ne semble pas chercher à établir un précédent mais plutôt à faire condamner un site pour un article dont l’intérêt principal, d’après la plainte, est d’inciter à télécharger illégalement un contenu protégé.