Les Oscars riment avec César et désormais également avec Mokhtar ! Pour sa toute première édition, ce festival français de courts métrages sur le thème de l’Islam voit les choses en grand : des dizaines de films en lice, une salle de 3.000 places pour la cérémonie de remise des prix, plus de 20.000 euros de récompense et bien évidemment un trophée rutilant de 1,5 kg conçu par un artiste arabo-colombien du nom de… Monsieur Mokhtar.
À 28 ans, Gibran Hasnaoui, le fondateur du festival, avait à cœur de lutter contre les clichés qui pèsent sur l’islam. "Être musulman ne se résume pas à faire le ramadan et ne pas manger de porc. Mon but est de montrer du positif à l’heure où l’image des musulmans est malmenée notamment par les médias et par une partie de la classe politique", explique-t-il. Ingénieur de formation, Gibran Hasnaoui part s’installer à Dubaï, il y a deux ans, pour le travail. Le hasard des rencontres fait qu’il y découvre la foi, alors qu’il ne se disait jusqu’alors non pratiquant.
Son coup de cœur pour l’Islam le conduit à tout plaquer pour partir à la découverte des musulmans des pays du Golfe et de l’Asie. Vidéaste autodidacte, il publie alors le Muslim World Tour, une série d’interviews de musulmans et découvre ainsi la puissance de l’image. Dès lors, l’idée des Mokhtar awards fait son chemin.
"Ce festival, c’est l’occasion de prendre enfin à contre-pied les préjugés et faire en sorte, d’une part, que les non-musulmans entendent autre chose ; et d’autre part, que les musulmans eux-mêmes soient acteurs du discours qui les concerne", poursuit Gibran Hasnaoui. Pour que tous les talents puissent s’exprimer, l’équipe des Mokhtar awards a organisé des ateliers d’initiation à la vidéo tout au long de l’année à travers la France, afin de "mettre une caméra entre les mains de ceux qui souhaitaient concourir au festival.
Sur le terrain comme sur les réseaux sociaux, le petit festival a rapidement fait parler de lui. On a reçu un très bon accueil, et pas uniquement de la part des musulmans", tient à préciser Gibran Hasnaoui. "Croyants ou non, la plupart des gens que nous avons interrogés saluent notre démarche. Je suis convaincu que cette méconnaissance de l’islam peut être transformée en curiosité", ajoute-t-il. Au total quelque 80 courts-métrages ont été envoyés, ce qui représente 600 à 800 participants, d’après les organisateurs.
"On comptait sur 20 ou 30 films, c’est une véritable surprise", se réjouit Gibran Hasnaoui. Photo du trophée en bronze qui sera remis aux gagnants des Mokhtar awards lors de la cérémonie du 22 décembre. 10 000 euros, un voyage à La Mecque et un kebab. Les dix vidéos les plus populaires seront sélectionnées pour la cérémonie du 22 décembre prochain, qui intronisera le grand gagnant grâce aux votes du public présent dans la salle. Un jury doit également repêcher cinq projets qui accèderont à la phase finale.
Le grand gagnant remportera 10.000 euros, 5 000 euros pour la catégorie internationale en langue étrangère. Le second repartira avec un voyage à La Mecque ou à Jérusalem s’il n’est pas musulman. Et le troisième sera l’heureux gagnant d’un kebab d’une valeur de 8,90 euros. Une soirée et des récompenses entièrement financées par les sponsors de l’évènement. Avant même de connaître le tout premier film couronné, Gibran Hasnaoui pense déjà à l’édition 2014.
"J’espère que l’on pourra offrir des prix plus conséquents, inch’Allah !". Il prévoit également la création de nouvelles catégories - documentaire et moyen métrage, notamment - afin d’imposer, pas à pas, son jeune festival parmi les grands rendez-vous du 7e art, qui rime également avec Mokhtar...