Le Conseil des ministres a approuvé dimanche dernier, à Alger, le projet de loi sur les activités et le marché du livre, qui devrait consacrer le livre comme secteur stratégique et organiser la distribution du livre en mettant la librairie au centre des différents circuits.
Ce projet de texte législatif qui sera examiné par l’Assemblée populaire nationale (APN) lors de sa session en cours a pour objet de "développer et d’encourager l’écriture, la production et la commercialisation du livre produit en Algérie, et de favoriser sa promotion et sa distribution", précise le communiqué de la présidence de la République.
Attendu depuis plusieurs années, ce projet de loi devrait répondre aux préoccupations des professionnels du livre (éditeurs, libraires) qui avaient appelé, à de nombreuses reprises, à résoudre le problème "majeur" de la distribution, par la réhabilitation de la librairie à travers une régulation stricte du réseau de distribution et d’importation, à l’instar de ce qui se fait dans les pays avancés dans ce domaine.
Le directeur du Livre et de la Lecture publique au ministère de la Culture, Rachid Hadj Nacer, avait dans ce sens indiqué que le ministère de la Culture réfléchissait à la création d’une structure de distribution composée d’entreprises, publiques et privées, spécialisées dans l’édition et l’impression, et ayant comme locomotive l’Entreprise nationale des arts graphiques (Enag).
Le texte viserait également à encourager les investissements privés nationaux dans l’industrie du livre et propose des mécanismes de régulation du prix du livre dans le cadre de la politique de soutien, avait indiqué, pour sa part, la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Selon Hadj Nacer, l’avant-projet accorde également un rôle "important" au Centre national du livre (CNL), créé en 2009 et dont la mission principale consiste à soutenir l’industrie du livre en Algérie et à contribuer au développement en matière de distribution.
Le Cnl serait, en outre, chargé de mener des études nationales sur le lectorat algérien afin d’"établir des statistiques sur la réalité de la lecture en Algérie", en se basant notamment sur les données fournies par les libraires, principaux vis-à-vis des lecteurs, avait indiqué son directeur Hassen Bendif. La ministre de la Culture avait, par ailleurs, souligné la nécessité d’un intérêt accru à tous les métiers de l’industrie du livre et aux libraires privés dans la mesure, a-t-elle dit, où le problème du livre en Algérie concerne la distribution et l’insuffisance des points de vente.
Des mesures de soutien en faveur des librairies privées devraient également être contenues dans cet avant-projet, notamment en poussant les organismes publics (institutions, collectivités locales, établissement scolaires, etc.) à s’approvisionner en livres directement à la librairie. Les importateurs et les distributeurs sont, depuis la libéralisation du marché du livre, habilités à vendre directement à des organismes comme les collectivités locales ou les établissements scolaires à des prix, certes, promotionnels, mais qui privent les libraires d’une grande part de marché.