Déjà condamné en juillet, le rappeur Weld el-15 a été de nouveau jugé pour ses textes de chansons, vendredi en Tunisie. Lui et un autre rappeur, Klay BBJ, ont écopé de 21 mois de prison, à l’issue d’un procès dont ils n’avaient pas été prévenus.
Les rappeurs Ala Yaacoubi (alias Weld el-15, déjà condamné en juillet pour une chanson insultant la police) et Ahmed Ben Ahmed (alias Klay BBJ) ont été condamnés vendredi 30 août à 21 mois de prison ferme, à l’issue d’un procès dont ils n’avaient pas été prévenus. Les deux artistes avaient été interpellés violemment dans la nuit du 22 août à l’issue d’un concert à Hammamet, une station balnéaire à 60 kilomètres de Tunis.
Les policiers estimaient que leurs textes avaient été offensants envers des fonctionnaires, délit passible de prison en Tunisie. Le jugement est à exécution immédiate, précise leur avocat ce lundi 2 septembre. Les deux musiciens peuvent dès lors être incarcérés à tout moment.
«Ce procès a eu lieu sans que nous ayons reçu de convocation (...) je vais parler à mes clients pour faire opposition à ce jugement mais cette peine de prison ferme montre que l’acharnement contre la liberté artistique, la liberté d’expression, continue», a déclaré leur avocat, Me Ghazi Mrabet. Précédemment, le rappeur Ala Yaacoubi, alias Weld el-15, avait écopé de deux ans ferme en première instance, avant de voir, début juillet, sa peine réduite en appel à six mois avec sursis pour sa chanson Boulicia Kleb (Les policiers sont des chiens).
Des morceaux datant de Ben Ali
«C’est une vengeance (...) les autorités n’ont pas compris que ces questions doivent susciter un débat public et non des procès et le harcèlement permanent des rappeurs », a dénoncé Thameur Mekki, qui dirige le comité de soutien à ces musiciens. « Nous allons nous organiser, nous allons nous mobiliser avec les organisations de défense des droits de l’Homme et de la liberté artistique », a-t-il prévenu.
Lors du concert du 22 août, les deux rappeurs n’ont pas interprété Boulicia Kleb mais d’autres morceaux, dont certains datant de l’époque du président déchu par la révolution de 2011, Zine el-Abidine Ben Ali. La police était considérée à l’époque comme l’instrument de la répression contre toutes les formes de critiques à l’égard du régime.
«Ces morceaux sont critiques et défient les flics», estime Thameur Mekki. Un caméraman, Mourad Meherzi, est actuellement en détention provisoire dans l’attente de son procès, pour avoir filmé en août 2013 un artiste, Nasreddine Shili, emprisonné lui aussi, jetant un œuf sur le ministre de la Culture.