La vallée du M’zab vibre depuis jeudi dernier au rythme du festival culturel local des chanson et musique du M’zab dont c’est la seconde édition. La manifestation placée cette année sous le thème de "la découverte de nouveaux talents et la promotion de la musique locale", s’est ouverte à la salle de cinéma « M’zab » pour se poursuivre jusqu’au 5 octobre prochain.
Des formations musicales à l’image du groupe kabyle Tagrawla, Kounouz des Aurès et Tassili N’ajjer de Tamanrasset ont été invitées pour y animer des soirées. Apparues récemment sur la scène artistique nationale la musique et la chanson du M’zab tentent de s’assurer à ce niveau une place durable. On assiste à ce paradoxe que constitue une très ancienne société qui s’est illustrée avec une architecture dont la renommée dépasse les frontières du pays, mais ne disposant pas de traditions en matière de musique. On peine à trouver au genre musical que cette région d’Algérie s’efforce de se forger, une ou des filiations même si, il est sûr que c’est dans le patrimoine musical amazigh, qu’elle cherche à trouver son inspiration. On manque aussi d’informations sur la poésie du cru sachant que les chanteurs ont besoin de textes. N’empêche ceux qui pensent que la société mozabite n’a pas évolué, en ont eu justement pour leurs frais. Le M’zab prouve en s’ouvrant à la musique qu’il n’a pas échappé au vent du changement malgré le caractère autarcique de sa culture qui, jusqu’à une date récente n’a jamais laissé une seule femme mozabite quitter le bercail, le conservatisme ayant atteint dans cette contrée des summums. Cela ne veut pas dire que cette vallée n’a connu aucune forme de musique. Certes on y organisait des fêtes mais elles étaient très codifiées, seule la musique religieuse était admise. On chantait des madihs d’une manière très sobres et la danse était à peu près proscrite. Même sur le plan touristique, ce qui a toujours promu l’image du M’zab reste son architecture singulière, ses oasis et sa situation dans le désert. La musique et le chant n’ont jamais été associés dans la fabrique de son image de marque touristique. Si les artistes du M’zab se comptent toujours sur les doigts d’une seule main la graine a été semée. C’est dans les années 1970 avec le chanteur El Adel que commence à s’affirmer un style musical identifié comme mozabite. Le souci du paraître étant de mise comme dans toutes les musiques ethniques, El Adel s’arrangeait souvent pour se produire en habits emblématiques de la région tout en osant chanter des chansons d’amour et sociales en langue mozabite. Quand arrive le groupe Otchidane, celui-ci trouve déjà le terrain déblayé, il réussit même à faire une percée en 1990 au niveau national avec sa chanson «Lachi, Lachi» dont le texte a été écrit par Abd El Wahab Hamou Fekhar, un poète de la région. Il y a eu aussi par la suite le groupe Badhmane qui a pu quelque peu relancer la chanson mozabite en s’illustrant lors du festival précédent.
Actuellement on effectue des essais sur les instruments en usage au M’zab dans le but de dégager un style propre à la région. En tant qu’appartenant à la zone saharienne et au groupe berbère zénète la musique mozabite à coup sûr ne peut être insensible aux tempos provenant du fin fond du Hoggar, des Aurès et des hauts-Plateaux, sachant que la population est originaire de Tiaret. L.G.