Le film algérien « Khouya » (Mon frère) de Yanis Koussim, vient de remporter le Prix du jury cinéma et jeunesse au 63e festival de Locarno (Suisse) qui s’est tenu du 4 au 14 août. Le cinéma suisse, à l’exception des prix qu’il a pu arracher au niveau de la compétition nationale, n’a pu obtenir en revanche aucun prix dans la compétition internationale. Seul représentant de l’Afrique, le film « Khouya » a arraché donc le Léopard de demain qui récompense le meilleur court-métrage. Le film algérien, coproduit avec une entreprise française relate, pour rappel, un drame familial qui se déroule dans l’intimité d’un foyer aux prises avec le comportement violent du frère qui veut dicter sa loi à ses sœurs Imen, Nadia et Yamina qu’il brutalise sans vergogne sous les yeux d’une mère éplorée, n’ayant aucun pouvoir pour changer quoi que ce soit, assistant impuissante à des scènes insupportables jusqu’au jour où un crime est commis. La victime n’étant autre que cette « brute » de frère et le meurtrier que cette sœur « innocente », les images virent à la tragédie. Dans la compétition pour longs-métrages, supervisée par un jury international composé des cinéastes Eric Khoo, Lionel Baier, Joshua Safdie, ainsi que des comédiens Golshifteh Farahani et Melvil Poupaud, le Léopard d’or est revenu à un film chinois intitulé « Jian Han » (Vacances d’hiver) réalisé par Li Hongqi. Pour la deuxième année consécutive, c’est donc un film chinois qui se voit ainsi attribuer la récompense suprême. L’an passé, on se souvient, c’était le film «She, a Chinese», qui avait été sacré meilleur film au niveau international. Mais la critique unanime estime le film chinois sélectionné cette année « meilleur » que celui de 2009. « Jian Han » raconte l’histoire sous la forme d’une comédie d’une bande de 9 jeunes et 2 enfants désœuvrés du Nord de la Chine qui tuent le temps et leurs vacances d’hiver dans un petit village où il ne se passe rien. Par ailleurs le Prix spécial du jury, a échu à un film coproduit par la France, la Roumanie et la Hongrie : « Morgen » (Demain) du réalisateur roumain Marian Crisan. « Morgen » met à l’honneur l’émigration en racontant l’histoire d’une amitié entre un Kurde et un Roumain résident à Salonta, près de la frontière hongroise. Ce dernier sauve le premier d’une noyade certaine dans une rivière. Le Kurde n’a qu’une seule idée en tête : se rendre en Allemagne pour rejoindre son fils, alors que celui qui le sauve l’accueille chez lui, il l’assure qu’il pourra partir "morgen" – "demain" en allemand. Le Léopard de la meilleure mise en scène quant à lui a été attribué au cinéaste québécois Denis Côté pour son film « Curling », lequel, il convient de le signaler, a arraché une deuxième distinction à savoir le prix d’interprétation masculine pour le comédien Emmanuel Bilodeau. « Curling » met en scène l’intimité d’un père et sa fille de 12 ans dans un cadre dominé par la nature hivernale et glaciale, en marge du monde. Face aux évènements qu’ils affrontent, leur relation est au bord de la rupture. En outre Jasna Duricic a été sacrée meilleure actrice pour « Beli Beli Svet » ("Un monde blanc, blanc"), du Serbe Oleg Novkovic, un film coproduit par la Serbie, l’Allemagne et la Suède. Ce film a pour théâtre la ville minière de Bor où se trouve une mine de cuivre qui accuse une diminution de la production. Une tribu misérable y vit isolée du monde… Dans la seconde compétition dénommée "Cinéastes du présent", le Léopard d’or est revenu au film "Paraboles" de la Française Emmanuelle Demoris tandis que le Prix Spécial du Jury a échu au film « Foreign Parts » (Les pays étrangers) de Verena Paravel et JP Sniadecki, coproduit par les Etats-Unis et la France. Quant au film de Traynor Adam, « Tour d’Ivoire », il a obtenu la Mention spéciale du jury ainsi que le Léopard du meilleur premier film. Autre film ayant obtenu la Mention spéciale : « Aardvark » de Kitao Sakurai, coproduit par les Etats-Unis et l’Argentine.