Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, juifs et musulmans ont contribué à dépoussiérer le patrimoine arabo-andalou. Ainsi est né le music-hall à Alger et à Oran dans les années 50, mêlant rumba, cha-cha-cha, tango ou variétés françaises de l’époque sur un fond d’héritage arabo-andalou. Les chansons créées ou chantées par Line Monty, Lili Labassi, Blond Blond, Salim Halali, José de Suza, Maurice el Médioni ou Lili Boniche pour ne citer que les plus connus d’entre eux, ont longtemps enchanté les publics des deux rives de la Méditerranée.
Lili Boniche est né en 1921 dans La Basse Casbah d’Alger, de parents juifs originaires de Petite-Kabylie. Il fut l’élève de Saoud l’Oranais, maître du "hawzi " ou haousi, un des dérivés populaires de la musique classique arabo-andalouse. il y fait ses premières gammes aux côtés de Reinette l’Oranaise. Les amateurs voient en lui un grand espoir de la musique traditionnelle algérienne, mais Lili Boniche décide de moderniser son style, convaincu que son public a de plus en plus de mal à suivre les compositions traditionnelles. Il écrit des dizaines de chansons, "Elles me venaient toutes comme ça, sans réfléchir". Il fait dans le tango, le paso doble, le mambo - tous les rythmes en vogue - il les enrichit de phrases mélodiques typiquement arabes. Il crée la chanson populaire algéroise, mélange de mélopées juives et gitanes, d’airs glamour et de flamenco. Lili Boniche devient une star à Alger. Quelques prestations dans des cabarets en font la coqueluche du Tout-Paris (où plusieurs "cabarets orientaux" se sont ouverts). Mais au début des années 50 Lili Boniche épouse une comtesse allemande et cesse de se produire, hors des fêtes et des mariages. Il ne retrouvera la scène qu’à la fin des années 80. Lili boniche est mort le 6 mars 2008 à Paris, parmi ses regrets : ne pas avoir de descendance musicale directe : "Aucun jeune ne vient me demander de transmettre ma musique" regretta-t-il.