Espèce d’espèces est un documentaire scientifique de 52 minutes sur les êtres vivants, végétaux ou animaux. Il porte ainsi à l’écran la théorie darwinienne de l’origine des espèces. Réalisé par Denis Van Waerebeke, ce film a obtenu le grand prix Pariscience 2008. Dans une certaine mesure, c’est un film identitaire bien que sa vocation soit avant tout didactique. Ce film a été projeté mercredi dernier au Centre culturel français d’Alger en présence du réalisateur. L’identité qui rime plutôt avec le même, c’est-à-dire avec le semblable, se mue soudainement en une identité du dissemblable. L’arbre généalogique de l’identité de la dissemblance n’est pas un arbre planté sur le sol et dont les branches se dressent verticalement vers le ciel, mais c’est un arbre sphérique qui a des racines au centre. Ses branches se ramifient à partir de ce centre et vont faire arc au niveau de leurs cimes jusqu’à former un parfait globe. Si avec l’arbre généalogique traditionnel auquel on a recours pour affirmer notre filiation, les branches peuvent remonter à des ancêtres ayant vécu il y a des dizaines d’années, voire des siècles, l’arbre sphérique, lui, peut remonter à des milliards d’années. Eh bien chercher à connaître vos origines, si vous êtes arabe ou berbère, n’est rien en comparaison avec la nature de la quête que met en perspective ce film. En suivant les branches de ce fameux arbre sous forme de boule, vous risquez de croiser non pas Adam et Eve mais des créatures avec lesquelles en principe vous ne partagez aucun trait commun. Et pourtant la grenouille est votre cousine ainsi que le poisson et le requin. Vous pouvez ne pas croire à cause de votre éducation ou de vos croyances religieuses. De la théorie de Darwin on ne connaît que la partie qui traite des singes et on n’en a retenu que ça pour caractériser la découverte scientifique qui a établi la race humaine comme la descendante de ces primates. Espèce d’espèces, détrompez-vous, rétablit dans sa plénitude la théorie darwinienne, l’homme ne descendrait pas que du singe, il faut remonter encore plus loin, certainement jusqu’au … végétal. Un présentateur sur un ton humoristique explique le point commun entre l’homo-sapiens et une bactérie ou la feuille d’une plante. Des détails comme l’existence ou pas du pouce, la forme de l’omoplate, les évolutions du squelette humain, à l’occasion comparé avec celui des animaux aquatiques, permettent la classification et le rapprochement des espèces les unes des autres. Aussi différentes qu’elles paraissent, les espèces végétales et animales (dont l’homme), présentent pourtant des caractéristiques communes. Le problème qui s’est posé aux hommes de sciences, c’est de trouver une méthode de classification pour 100 millions d’espèces vivantes environ. Des spectateurs ont émis le souhait de voir ce documentaire diffusé dans les écoles algériennes. Leur vœu sera-t-il exaucé ?
L.G.
Espèce d’espèces de Denis Van Waerebeke, film scientifique français, Paris, 2008