Cet après-midi, à la librairie Espace Noûn, à la rue Rabah Noël, les amateurs d’art pourront rencontrer l’artiste plasticien Rachid Koraïchi auteur du beau livre «Les ancêtres reliés aux étoiles». Cette dernière publication commune de Barzakh et Actes Sud est magnifiquement illustrée par les photographies de Ferrante Ferranti.«Les étendards de soie constituent pour moi l’élément premier. L’atmosphère créée par cette forêt d’étendards suggère la présence invisible de tous ces ancêtres comme dans le cercle initiatique. La profusion de signes, de symboles, d’écritures délivre dans l’espace une nuée de talismans prophylactiques, magiques et intemporels comme une forme de bénédiction et de protection pour tous ceux qui viendraient à se perdre au milieu de ces textiles à la fois raffinés et lourds de sens. (…) J’espère, comme tout artiste, qu’au bout de mon chemin de vie, j’aurai posé au moins quelques jalons à travers une écriture plastique faisant le lien entre les rites, les cadences des musiques et des danses, pour arriver à faire mes incantations autrement qu’en prière. » écrit Rachid Koraïchi dans la préface du bel ouvrage. Par ailleurs, il explique lors d’un entretien que l’idée de l’installation «Les ancêtres reliés aux étoiles» a mûri au fil des précédents projets et qu’une véritable sédimentation a permis d’arriver à cette réalisation.«En y réfléchissant, je me rends compte que le projet initial est «Salomé», présenté en 1990, en partie à l’institut du Monde arabe, et en partie à Beaubourg, de là sont nés tous les autres. Un projet créé avec Michel Butor.» dit-il.Cette première installation établissait un lien entre Judaïsme, Chrétienté et Islam et évoquait la passion dans son absolu. Les paroxysmes s’y rejoignent et s’y mêlent : l’amour, la passion, le sacrifice. Né à Aïn Beida en 1947, l’artiste plasticien expose depuis 1970 dans de nombreux musées de par le monde. En 2007, les éditions Barzakh ont fait paraître «Cinq fragments du désert», un texte de Rachid Boudjedra accompagné d’illustrations de Rachid Koraïchi. Parmi ses dernières expositions : British Museum, Londres, 2007 ; Metropolitan Museum, New York, 2008 ; La Citadelle d’Alger, 2008. Très imprégnée de mysticisme, l’œuvre étonnante de Rachid Koraïchi jette des passerelles vers le monde de l’indicible mystère. Ferrante Ferranti, né en 1960 d’une mère sarde et d’un père sicilien, a obtenu un diplôme d’architecte à Paris en 1985, avant de se consacrer à la photographie. Il est l’auteur d’une œuvre singulière. Jeu d’ombres et de lumières, quête du sens caché sous les formes, invention d’un langage qui relie le soleil aux ruines, qui raconte l’arrêt silencieux devant la pierre comme les dérives enchantées de l’errance. Il a notamment illustré les écrits de Dominique fernandez. R. C.