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‘’L’écriture, une passion qui me dévore’’
6 Décembre 2008

A trente-neuf ans, le romancier Djamel Ayache est à son cinquième roman, publié dans la langue d’Ibn ‘Arabi. Bien qu’établi au Canada, il reste toujours rivé à cette passion qu’est l’écriture et reste à l’écoute des soubresauts de son pays natal, l’Algérie.

Vous êtes informaticien de formation, et vous êtes à votre troisième roman. Comment vous êtes venu à l’écriture ?
 En, réalité je suis à mon 5e roman, deux sont déjà publiés, ‘’les Sentiments tardifs’’ et ‘’Parole du silence’’, le 3e intitulé ‘’les Deux- chameaux’’ paraitra bientôt. Il est, par ailleurs, publié, chaque mercredi, sur la page du quotidien Sawtt el Ahrar, le 4e est un roman que j’ai scindé en trois tomes sous le titre de ‘’Ouled Bab el Oued’’  et le 5e, enfin, qui est sur le point d’être achevé, il ne reste qu’à le peaufiner, et bien sûr trouver le bon titre. Pour répondre à votre question, j’écris depuis mon jeune âge. Je suis informaticien de formation, mais la passion de l’écriture me ronge. D’ailleurs, j’ai publié mon premier récit ‘’Khatirra’’ à l’âge de 16 ans. Aussi, je pense que la question de l’écriture repose davantage sur la prédisposition et l’expression de l’homme que sur sa formation pédagogique. Il est des écrivains ou des romanciers qui ont fait preuve de talent dans l’expression littéraire tels le docteur Céline; Tawfiq El Hakim qui était magistrat; l’ingénieur en électricité, le penseur Malek Bennabi et tout près de nous, le professeur Chemseddine Chitour ou le gynéco, Belgacem Ait Ouyahia pour ne citer que ceux-là.

Les récits de tes premiers romans, sont-ils inspirés de la réalité ?
Dans le monde de l’écriture, le réel et l’imaginaire se confondent entre eux, et dans la plupart des cas, l’écrivain, lui-même, ne peut faire la différence, car l’inconscient joue un rôle très important. C’est-à-dire, peut-on nous rappeler de tous les détails de notre enfance ? La réponse est non, car seuls les moments forts restent gravés dans notre mémoire,  Donc, où sont les autres moments ?!  Ils sont quelque part, et l’écriture peut révéler ces moments ! Mais il reste la chose la plus importante, ces instants demeurent toujours anonymes sans date, et c’est là le paradoxe. Seuls les spécialistes de la critique peuvent dessiner les frontières entre un souvenir connu est son opposant. Pour les petites gens, il ne s’agit là que d’un oubli, et l’oubli, en d’autres termes, ce n’est que l’ensemble des souvenirs inconnus. En termes plus clairs, la réalité dans le monde de l’écriture est l’ensemble des souvenirs liés à un événement bien particulier. Cet événement est le sujet du roman lui-même, qui peut être basé sur un vécu, ou projeté dans le temps.
 
Vous utilisez un  langage accessible  et un style imagé lorsque le lecteur défile les chapitres, mais il y a une sorte de philosophie qui imprègne l’histoire de vos deux premiers romans. S’agit-il d’un message à vouloir faire passer aux lecteurs ?
Je pense que la philosophie qui imprègne mes écrits,  puise de deux aspects, moral et émotionnel. En ce qui concerne ‘’la Parole du silence’’, l’idée polarise autour de la lutte qui se déroule dans chaque âme, entre la force mentale et la charge émotionnelle, un homme équilibré ce n’est qu’un être qui sait comment équilibrer ces deux forces  dans son for intérieur, pour pouvoir surmonter l’écueil. Le personnage de Akacha dans mon roman ‘’la Parole du silence’’ ignorait toute force morale :  ivre de ses émotions, malgré son instruction, il demeurait sous la bénédiction de sa charge émotionnelle. Celle-ci le dominait. Il tenait à Maria qui, elle, ne l’acceptait pas. Il était face à un comportement dichotomique, déchiré entre se faire aimer contre son gré et la force qu’il devra puiser de sa dignité d’homme qu’il fallait préserver. Il finira par vivre dans un état de déséquilibre. Quant au roman intitulé ‘’les Sentiments tardifs’’, il y a une certaine incohérence entre les  sentiments du couple (Amel et Sadek)  qui voulait fonder un foyer. Amel réagit lentement ou plus précisément, tardivement, ce qui a  causé un ralentissement, puis une brisure transformée en déception. Aussi, il y a d’autres éléments, cités dans le livre qui concourent à créer l’environnement adéquat pour la rupture.

Votre dernier produit les Deux-chameaux. Pourquoi le choix d’un pareil titre et que révèle-t-il au lecteur ?
Les Deux-chameaux, c’est une plage qui existe réellement dans le quartier de Bologhine. J’ai passé une bonne partie mon enfance dans cet endroit qui m’a marqué, car différents catégories d’hommes ont côtoyé ce site balnéaire : musicien, écrivain, poète, les pêcheurs et aussi, les sans abri et les alcooliques. Le récit laisse libre cours à un dialogue autour de la vie et de la mort, que j’engonce dans deux personnages imprégnés par un vieil homme retraité (Saïd) et un jeune homme intellectuel ambitieux (Yacine) qui tient à découvrir l’autre monde, l’Amérique du nord. L’endroit pour moi porte un imaginaire, une symbolique, car je considère le symbole (Deux-chameaux, ndlr) comme étant le couple que résume le dialogue engagé entre la vie et la mort ; entre un vieil homme qui cumule une somme d’expériences et un jeune homme ambitieux, qui tient à matérialiser ses rêves, en se soustrayant à la pesanteur de son morne quotidien. La triste fin de l’histoire est que dans notre société, les jeunes préfèrent l’exil, les vieux  préfèrent quitter la vie, en silence. Cela révèle, l’état  maladif de notre société d’une part, et d’autre part, l’échec total de projet de société.

Par : Farouk Baba-Hadji

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