Le Midi Libre - Culture - Une plume inégalable disparaît
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Julien Gracq est décédé
Une plume inégalable disparaît
25 Décembre 2007

Samedi, à l’âge de 97 ans, Julien Gracq est décédé à l’hôpital après avoir eu un malaise à son domicile de Saint-Florent-le-Vieil dans l’Ouest de la France.
Le plus discret des écrivains français y vivait retiré depuis de longues années. Considéré comme l’une des plus brillantes plumes de France, Julien Gracq de son vrai nom Louis Poirier a été l’auteur de 19 ouvrages dont le «Rivage des Syrtes» qui lui a valu en 1951 la célébrité et le prix Goncourt qu’il a d’ailleurs refusé. Né en 1910, l’auteur a vécu toutes les vicissitudes de son siècle. Syndicaliste actif et communiste, il renvoie sa carte au PCF en 1939 lors de la signature du pacte germano-soviétique. Professeur agrégé d’histoire et diplômé de sciences po, il occupe son premier poste au lycée de Nantes et écrit son premier roman «Au château d’Argol» qui est refusé par Gallimard mais publié en 1938 chez José Corti qui, comme l’écrivain, est proche des surréalistes. De nombreux romans plus tard, en 1989, il fait partie de la collection La pléiade de Gallimard, considérée comme prestigieuse. Après avoir vécu «la drôle de guerre» et avoir été prisonnier une année en Silésie, suite à l’offensive allemande dans les Flandres, il mène une vie partagée entre enseignement et écriture.
Romancier, poète, nouvelliste, dramaturge et pamphlétaire, Julien Gracq se distinguait par une écriture sophistiquée. Certaines de ses œuvres ont été adaptées au cinéma par Michel Mitrani, André delvaux et Jean-Christophe Averty. Son œuvre a été l’objet de nombreux travaux de recherches et elle a été traduite en plusieurs langues. «Gracq n’est pas un homme de conversation de salon. Il est l’homme du tête-à-tête ; celui qui cherche dans l’interlocuteur cette part de singulier, cette part d’humain qui peut l’intéresser. Cette curiosité, ce souci de connaître, excluent la dispersion. Dans un groupe, même dans un petit groupe constitué au hasard d’une réunion, Gracq ne laisse pas deviner qu’il est Gracq. Il décevra même celui qui espère saisir dans sa conversation quelque chose de la poésie de son œuvre, qui attend que jaillisse enfin l’improvisation brillante où éclateront l’esprit, l’humour, le trait de Liberté grande.» écrivait José Corti dans «Souvenirs désordonnés» Hubert Haddad écrivait à son propos : «Pas davantage qu’un automne sans exaltation agonique des beaux jours, on ne peut imaginer le paysage littéraire sans Julien Gracq. Son œuvre ne s’ajoute pas aux autres comme l’arbre dans la forêt ; elle modifie la perception d’ensemble, sa perspective et sa couleur. L’ignorerions-nous qu’elle nous ferait signe et nous habiterait à notre insu dans la réfraction mystérieuse des sous-bois : une influence météorique, quelquefois, cache un style.»

Par : Karimène Toubbiya

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