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Tomber de rideau sur la 64e Mostra
Le cinéma de genre primé
10 Septembre 2007

Thriller, western ou biographie musicale, les films de genre ont raflé la mise à la 64e Mostra qui s’est achevée samedi, au détriment de chroniques réalistes saluées par la critique, mais négligées par le jury de cinéastes.
En couronnant le thriller érotico-politique "Lust, caution" d’Ang Lee, déjà récompensé en 2005 avec le Lion d’or décerné à son western gay "Le secret de Brokeback mountain", le jury présidé par le Chinois Zhang Yimou et composé uniquement de cinéastes, a déjoué les pronostics. L’élégant "Lust, caution" est une histoire d’espionnage et de sexe dans le Shanghaï des années 40, tirée d’une nouvelle éponyme d’Eileen Chang. Bien qu’applaudi, ce Lion d’or a suscité une "certaine déception" jugeait dimanche le quotidien italien Corriere Della Sera, ajoutant: "Beaucoup attendaient d’autres noms... peut-être Mikhalkov, De Palma ou Kechiche". "Personne n’avait pensé" à Lee, ni pour le Lion d’or, ni même pour "un petit prix", estimait de son côté La Republica, or le film "repart avec deux récompenses" (la photographie du film a aussi été primée, ndlr). De fait, le palmarès ne reflète que marginalement l’émotion suscitée par des films réalistes voire durs, parfois ancrés dans une actualité brûlante, montrés par le doyen des festivals du monde (29 août-8 septembre) qui fête ses 75 ans. Si "Redacted", la courageuse et expérimentale fiction-choc signée par l’Américain Brian De Palma sur la guerre en Irak a reçu le Lion d’argent de la réalisation, en revanche Paul Haggis est reparti bredouille. Pourtant, son film "In the valley of Elah", qui sondait les séquelles psychologiques du conflit chez les soldats américains, a fortement marqué.
De même, le Britannique Ken Loach a dû se contenter du prix du meilleur scénario, pour son film sur l’exploitation des immigrants clandestins, "It’s a free world", dont l’actrice pouvait prétendre à la Coupe Volpi. Enfin, le chéri du public, "La Graine et le mulet" chaleureux portrait d’une famille franco-arabe et fine chronique sociale, a raté le Lion d’or prédit par la majorité des critiques. Son auteur, le franco-tunisien Abdellatif Kechiche a d’ailleurs affiché une certaine amertume, lors de la cérémonie au palais du cinéma sur le Lido. "Ce modeste prix prend de la valeur pour moi parce que je le reçois de tes mains, Catherine", a-t-il dit déclaré à la réalisatrice Catherine Breillat qui lui remettait le prix spécial du jury, décerné ex-aequo à l’Américain Todd Haynes pour son psychédélique portrait de Bob Dylan dans "I’m not there".
Le reprenant amicalement, celle-ci a répondu: "Ce n’est pas un prix modeste, c’est un prix passionné !". "La graine et le mulet" a aussi remporté le prix de la meilleure révélation, décerné à la talentueuse Hafsia Herzi, 20 ans. Très divisé, le jury - composé, outre Breillat, d’Emanuele Crialese, Jane Campion, Alejandro Gonzalez Inarritu, Paul Verhoeven et Ferzan Ozpetek - a débattu "pendant neuf heures, et aucun des prix n’a été décerné à l’unanimité", a indiqué l’un de ses membres.
Les prix d’interprétation sont allés à Cate Blanchett, sidérant Bob Dylan androgyne dans "I’m not there" et à Brad Pitt pour son Jesse James - pourtant assez peu remarqué - dans "The assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford" du Néo-zélandais Andrew Dominik. Tous deux jouent avec les codes d’un genre: le premier fait exploser la biographie musicale en mêlant fiction, faux documentaire, émission TV... et en scindant le héros en six (le nombre des acteurs qui l’interprètent). Le second revisite le western, avec moins de brio toutefois.


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