La séance du cinéphile, initiée par le CCF, s’est ouverte hier après-midi, sur l’œuvre cinématographique de François Truffaut, et durera jusqu’à jeudi. Après la projection des films, des débats sont animés par Abdou B. et Bensalah Mohamed.
Cinq de ses films, Les 400 coups (1959, grand prix de la mise en scène à Cannes), Jules et Jim, le Dernier métro, La femme d’à coté et Les deux anglaises et le continent, qui ont été choisis pour le cycle cinématographie consacré à François Truffaut, afin de démontrer que les femmes sont au cœur de son œuvre et de sa vie, sont interprétés par les actrices françaises les plus populaires de leur époque : Bernadette Lafont, Claire Maurier, Marie Dubois, Michèle Mercier, Jeanne Moreau, Marie-France Pisier, Françoise Dorléac, Claude Jade, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Brigitte Fossey, Nathalie Baye ou encore Fanny Ardant.
Ces personnages féminins tour à tour attrayants et convoités, absents, fourbes, délicats, illusionnistes, criminels, drôles ou bouleversants, s’inscrivent dans le cadre d’une audacieuse étude de la psychologie féminine, rarement traitée au cinéma avec autant de frénésie.
La filmographie de François Truffaut, qui soutenait aimer autant les livres que les films, se distribue de manière équitable entre scénarios originaux et adaptations littéraires. Ses films se convertissent dans des registres peinturés et justifient la diversité des genres cinématographiques abordés au fil de son œuvre.
François Truffaut est aussi un cinéaste exigeant, sincère et passionné, il ne cherche pas à faire des films à succès. D’ailleurs, certains se désolent de trouver un public attitré pour ses œuvres comme «la Sirène du Mississipi», «les Deux Anglaises et le Continent» ou «la Chambre verte», pourtant ils comptent aujourd’hui parmi ses réalisations majeures, alors que le «Dernier Métro» (1980), qui a connu un grand succès public, fut récompensé de dix césars. Il relate une histoire d’adultère, très réaliste, qui donne à l’amour une image antipoétique à l’inverse de son œuvre «Jules et Jim», qui met en scène un trio insolite et amoureux. Jules (Oskar Werner), un Allemand, fait la connaissance du français Jim (Henri Serre). Très vite, ils deviennent les meilleurs amis du monde. Quand ils rencontrent la belle Catherine (Jeanne Moreau), ils en tombent tous les deux amoureux. Mais Catherine a fait son choix, elle va épouser Jules.
Après la guerre, les trois amis se retrouvent, et Catherine, avec «l’autorisation» de Jules, prend Jim pour amant. Le trio se laisse aller à ses habitudes, entre laideur et allégresse. Quelques années plus tard, lors d’une ballade en voiture avec Jim, Catherine propulse le véhicule dans la Seine. Ils périssent sur le coup sous les yeux de Jules, qui fera incinérer leurs corps.
Truffaut ne fait pas dans la complaisance, dans «Les 400 coups», il va jusqu’à interdire au personnage principal, le jeune acteur Jean-Pierre Léaud de sourire ; la mise en scène en dépend, et les décors blafards accentuent la relation de l’enfant et des adultes. Enfant non désiré, Antoine ne trouve sa place nulle part. Repoussé à l’école, et manié à la maison par une mère qui a beaucoup à se faire pardonner, il erre à la recherche de sa propre image. Mais il ne baisse jamais les bras, ne se résigne pas à une solitude dans laquelle il puise la force d’affronter un monde antagonique.
A l’image du réalisateur qui, lui-même, a eu une enfance difficile, période malheureuse et solitaire, entre des parents absents et indifférents. L’adolescence n’arrangera rien, le jeune Truffaut rebelle est envoyé en maison de correction, puis s’engage dans l’armée lors du conflit en Indochine, mais il est emprisonné pour désertion !
Les spécialistes qui ont fait une lecture cinématographique de l’œuvre de François Truffaut, s’accordent à dire qu’il «adopte une démarche intimiste et personnelle ou expressément grand public, s’attache à décrire la vie des gens avec vérité»
Le plus novice des cinéphiles notera que ce qui est commun dans tous les films de Truffaut, c’est que ce dernier porte un regard profondément humain sur ses personnages, plus particulièrement les enfants et les femmes.
L’occasion est donnée pour (re) découvrir la spontanéité d’un réalisateur, qui a également tourné dans des décors naturels, et avec de jeunes acteurs. François Truffaut serait donc comme une bonne adresse qu’on se refile, car indémodable !
Par : S.D.