Le Midi Libre - Culture - Seconde édition des "Rencontres Alloula"
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Du 10 au 12 Mars
Seconde édition des "Rencontres Alloula"
10 Mars 2016

Abdelkader Alloula était un dramaturge moderniste à l’esprit novateur. La scène était pour lui un espace d’expérimentation, marquant ainsi l’histoire du quatrième art algérien d’une empreinte inaltérable.

La seconde édition des "Rencontres Alloula", prévues du 10 au 12 mars prochain, permettra aux jeunes comédiens, amateurs de théâtre et autres dramaturges, de découvrir tout l’esprit créatif et les techniques scéniques de ce génie de l’art dramatique.

En effet, cette rencontre permettra aux jeunes troupes participantes de mieux connaître, d’apprécier, voire de s’inspirer de l’oeuvre d’Alloula dans ses dimensions multiples, dans ses expérimentations qui ont donné au théâtre algérien une dimension si particulière. "La reprise des oeuvres d’Alloula par de jeunes troupes amatrices permettra de revisiter son travail avec un nouveau regard qui ne peut être qu’objectif, puisque ces artistes ne connaissent le défunt que par la richesse de son legs", avait indiqué le dramaturge, Mourad Senouci, lors de la première édition des "Rencontres Alloula", il y a deux ans.

Sur un autre plan, à travers ses oeuvres et les témoignages de ses proches et amis, les jeunes comédiens et amateurs de théâtre pourront mieux connaître et s’imprégner des valeurs humanistes de Alloula qui était constamment à l’écoute de son prochain et vouait un grand amour, une abnégation sans faille aux enfants malades du cancer. Ses visites ponctuelles au centre des enfants cancéreux d’El- Hassi (Oran) étaient autant de moments particuliers et de joie intenses pour ces petits rongés par le mal incurable.

Un artiste aux multiples facettes

Alloula a été, tour à tour auteur, traducteur-adaptateur, scénographe et acteur. De Berthold Brecht à Koltes, en passant par les grands classiques tels Molière et Shakespeare, ainsi que les auteurs maghrébins, le barde Abderrahmane El- Majdoub, Allalou à Kaki, la "Commedia Dell’arte" ou en adaptant des textes de Gogol, Goldoni, Aziz Nesin et autres écrivains, Alloula a puisé dans le patrimoine local, maghrébin et universel, son but étant de parachever un nouveau théâtre algérien à valeur universelle.

Son mérite est d’avoir su adapter la langue parlée des Algériens, tout en lui donnant la puissance du jeu théâtral. En même temps, il a voulu moderniser les traditions des "goual" et de "la halqa". L’expérience de la halqa, cette tradition ancestrale très répandue dans les souks et sur les places publiques dans les campagnes de l’Algérie profonde, a débouché sur plusieurs oeuvres théâtrales, notamment sa célèbre trilogie "Lagoual" (Les dires) (1980), "Ladjouad" (les généreux) (1985) et "Litham" (Le voile) (1989), pour lesquelles Alloula a revisité à sa manière la halqa et le meddah,

tout en élaborant un langage inspiré de la langue populaire des Algériens, la langue vivante par excellence, lui donnant ainsi une dimension artistique. Les oeuvres de Alloula marquent également une rupture avec le théâtre aristotélicien où le spectateur reste passif. Il en a fait de ce spectateur un élément dynamique du spectacle.

Toutes les composantes de la pièce comme le décor, la lumière, la musique, les chants jouent un rôle essentiel dans la compréhension de l’histoire et dans l’évolution de l’intrigue. Rien n’est mis en place par hasard. Abdelkader Alloula, une vie bien remplie Abdelkader Alloula, dont l’oeuvre sera au centre de journées, prévues du 10 au 12 mars à Oran, est né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet. Dès son jeune âge, il s’est intéressé au théâtre.

En 1956, il interrompt ses études secondaires à Oran pour y faire du théâtre au sein de la troupe amateur Echabab. Il prend part à des stages de formation et décroche plusieurs rôles. En 1962, il est avec la troupe de l’Ensemble théâtral oranais (ETO) quand il monte "El asra", adaptée de l’oeuvre de Plaute ("Les captifs"). Comédien au TNA dès sa création en 1963, il jouera dans plusieurs pièces comme

"Les enfants de la Casbah" (Abdelhalim Raïs, Mustapha Kateb), "Hassen Terro" (Rouiched, Mustapha Kateb), "Roses rouges pour moi" de Sean O’Casey (Allel El- Mouhib) et "La mégère apprivoisée" de Shakespeare (idem). En 1965, il est dans "Les chiens" de Tom Brulin (Hadj Omar). Sur le plan de la mise en scène, le répertoire du dramaturge comprend, entre autres, "El- Ghoula" en 1964 (Rouiched),

"Le sultan embarrassé" (1965, Tewfik El-Hakim), "Monnaie d’Or" (1967), "Numance" (1968, en arabe classique, adaptée par Himoud Brahimi et Mahboub Stambouli) et "Les bas fonds" de Gorki (1982, traduction de Mohamed Bougaci). Sa passion pour le quatrième art le mène également à écrire et à réaliser "Laâlegue" (les sangsues) en 1969, "El-Khobza" (1970), "Homk Salim" (1972),

adaptée du "Journal d’un fou" de Gogol, "Hammam Rabi" (1975), "Hout yakoul hout" (1975, écriture collective avec Benmohamed), la trilogie "Lagoual" (1980)- "El-Ajouad" (1984)- "El-Lithem" (1989), "El-Teffeh" (1992), "Arlequin valet de deux maîtres" (1993), (adaptation libre de l’oeuvre de Goldoni).

Par ailleurs, en 1990, il fit adaptation de cinq nouvelles de l’écrivain turc Aziz Nesin, à savoir "Lila maâ majnoun", "Essoltane oual guerbane", "Elwissam", "Chaâb fak" et "Elwajib el watani" (réalisé pour l’ENTV par Bachir Berichi). Au cinéma, Alloula fut aussi l’auteur de deux scénarios de films, "Gorine" (1972) et "Jalti" (1980), réalisés par Mohamed Ifticène. Des rôles lui furent même confiés, notamment dans

"Les chiens" (1969) et "Ettarfa" (1971) d’El- Hachemi Cherif, "Tlemcen" (1989) de Mohamed Bouanani, "Hassen Niya" (1988) de Ghouti Bendedouche, et "Djan Bou Rezk" (1990) de Baba Aïssa Abdelkrim. Alloula a également participé aux commentaires des films "Bouziane El-Qalii" (1983) de Hadjadj Belkacem et "Combien je vous aime" (1985) du défunt Azzeddine Meddour. Abdelkader Alloula fut assassiné le 10 mars 1994 à Oran,

à la sortie de son domicile, alors qu’il se rendait, en cette soirée de Ramadhan, à une réunion de l’association d’aide aux enfants cancéreux. Une plaque a été apposée près du lieu où il est tombé, à l’entrée de la rue Mohamed-Boudiaf, ex-rue de Mostaganem.

Par : ROSA CHAOUI

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