La 20e édition du Salon international du livre a recueilli un bon score en termes d’appréciation.
Le contraste est visible par rapport aux précédentes éditions, marquées par l’inflation croissante de livres d’un autre temps et la transformation de l’enceinte et du périmètre du palais des expositions en marché aux puces où les livres de grands classiques côtoyaient les opuscules jaunes et les brûlots rétrogrades, où le parfum des oeuvres d’érudits se mêlait aux relents des encens et aux effluves des potions magiques, et où les éditeurs croisaient et décroisaient les charlatans et les revendeurs de tous bords.
Manifestement, l’intérêt intellectuel, culturel ou scientifique et la dimension de créativité et d’originalité n’étaient pas les premiers critères de sélection, d’autres considérations moins audacieuses mais certainement plus aliénantes ont prévalu. De l’avis général, l’édition 2015 est d’un tout autre millésime, une cuvée bien instructive et plus riche qu’auparavant. Le souci de faire de la Foire internationale du livre un rendez-vous du livre digne de ce nom, même si les préjudices subis aux sessions antérieures restent difficiles à gommer en un temps si court. Mais la bonne volonté de remonter la pente est bien affichée.
Pour cette édition 2015, auquel ont pris part 290 maisons d’édition aux côtés de 620 exposants étrangers venant d’une cinquantaine de pays ainsi que des associations culturelles, de nombreux visiteurs venus d’horizons divers allant des étudiants et écoliers en quête d’ouvrages spécialisés et d’apprentissage de langues étrangères, aux familles à la recherche de livres parascolaires, en passant par des lecteurs friands de littérature ou d’ouvrages à caractère religieux ont été enregistrés.
25.000 titres exposés
Dans un point de presse à l’issue de la clôture du 20e Sila au Palais des expositions des Pins maritimes (Safex) à Alger, le commissaire, M. Messaoudi, a précisé que 25.000 ouvrages traitant divers thèmes avaient été exposés lors de cette édition, précisant que les ouvrages à caractère religieux étaient aussi présents dans les rayonnages.
"Quelques défaillances" ont été tout de même relevées, a-t-il regretté, précisant que certains éditeurs n’ont pas respecté le règlement intérieur du salon qui interdit la vente en gros. Il a rappelé que le rayon d’une maison d’édition syrienne spécialisée dans le livre religieux a été scellé pour avoir essayé de vendre en gros ses ouvrages, affirmant que celle-ci a été "définitivement exclue" de la participation. La majorité des maisons d’édition arabes, au nombre de 300, ont respecté cette mesure qui a été rigoureusement appliquée lors de ce salon, a-t-il encore précisé.
Grande affluence
Le 20e Salon international du livre d’Alger (Sila, 29 oct-7 nov) continuait, à attirer un public venu très nombreux, mais aussi d’aires de divertissement et de contacts motivés avec des établissements étrangers à vocation culturelle et même scolaire. Il semble que la forte fréquentation de la précédente édition, estimée à 1,5 million de visiteurs, s’est confirmée cette fois-ci encore. Selon toujours le commissaire,
M. Hammoudi, le nombre de visiteurs a dépassé le un million cinq cent mille, atteignant le pic le 1er novembre avec 343.000 personnes et le 6 novembre avec 423.4000. Il a, en outre, salué la coopération entre le commissariat du salon et les ministères des Affaires religieuses et de l’Education nationale lors de cette édition, affirmant à ce propos que "80.000 élèves d’une vingtaine de wilayas ont visité le salon cette année". Ce résultat confirme encore l’intérêt des éditeurs du monde pour le lectorat algérien dont l’importance et la diversité des besoins constituent leur premier motif de participation.
Un programme riche et varié
Le programme d’animation culturelle de cette vingtième édition s’est distingué par sa diversité et sa richesse. Pas moins de six rencontres thématiques ont eu lieu, dont celles qui ont traité les massacres du 08 Mai 1945, ainsi qu’une approche, pour la première fois au Sila, des enjeux et perspectives de l’édition numérique et du livre électronique.
Ces rencontres, qui ont été animées par des auteurs et chercheurs algériens et étrangers, ont porté sur les champs de l’histoire, du présent et du futur, en convoquant la littérature et les sciences humaines et en invitant à la réflexion et aux débats. En outre, trois journées liées aux composantes de l’identité nationale envisagées sous divers points de vue : l’édition et la littérature en tamazight, l’islam et la modernité, la langue et la littérature arabe. Comme depuis 2009, l’espace Esprit Panaf a accueilli de nombreux écrivains et éditeurs du continent réunis autour de sujets actuels pertinents.
Le Sila a abrité, pour la première fois, la rencontre euromaghrébine des écrivains, organisée pour la septième fois par la délégation de l’Union européenne, ainsi que de nombreuses autres conférences, tables rondes et autres activités. Cette année, le Sila a été marqué par la remise du Prix Assia-Djebar du roman attribué à trois jeunes auteurs en langue arabe, tamazight et française (respectivement Abdelwahab Aïssaoui, Rachid Boukharoub et Amine Aït Hadi).
Perspectives…
Le commissaire du Sila a annoncé, par ailleurs, qu’un projet est en cours d’élaboration entre le commissariat du salon et la direction de la Safex en vue d’une "restructuration" de cet établissement — édifié en 1969 — à même de satisfaire une plus grande demande de participation. "La prochaine édition du Sila se tiendra du 26 au 5 novembre 2016 avec possibilité de prolonger la manifestation jusqu’à 22h pour un ou deux jours", a conclu le commissaire du Sila.