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Actions culturelles 2015
La ministre de la Culture veut redorer le blason à son institution !
31 Décembre 2014

La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a fait état, lundi à Alger, de sa double résolution pour 2015 d’impliquer davantage les acteurs sociaux dans l’organisation des évènements culturels en Algérie et d’encourager l’intégration de son secteur dans le développement économique national.

Mme Labidi a jugé "légitime" dans un entretien à l’APS, le souhait exprimé par des acteurs culturels (artistes et associations culturelles) d’être plus impliqués dans l’organisation des festivals qu’ils soient à dimension nationale ou internationale, confiée jusqu’ici à des commissariats désignés par le ministère de la Culture.

La ministre se montre ainsi sensible aux remarques émises régulièrement par des acteurs de la scène culturelle, qui ont pointé du doigt le manque de préparation dans l’organisation des festivals en Algérie pendant que d’autres soulignaient la nécessité de bilans chiffrés à l’issue de chacune de ces manifestations. Mme Labidi a indiqué, à ce propos, qu’une "réflexion autour de l’ensemble des festivals" sera menée en 2015 par son département afin de "tirer le bilan" de ces manifestations et d’étudier leur "impact" sur le public.

A une question sur la part allouée aux associations dans le budget 2015 de son département, estimée à 0,23% du budget attribué au ministère ces derniers exercices, la ministre n’a pas donné d’indications chiffrées. En revanche, elle a exprimé sa volonté de "développer le soutien au mouvement associatif" en "encourageant les professionnels" à s’organiser en associations ou encore en "facilitant" la "mise en conformité avec la loi" des associations existantes, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur.

Invitée, par ailleurs, à livrer sa vision sur le partenariat avec les acteurs privés dans le secteur de la Culture, la ministre a rappelé les actions entamées en vue de "développer des industries culturelles et créatives", notamment par l’encadrement des aides publiques au profit des créateurs d’entreprises dans le secteur culturel. La ministre a ainsi rappelé la possibilité pour les jeunes diplômés et les demandeurs d’emploi porteurs de projets culturels de bénéficier de prêts via l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej) et la Caisse nationale d’assurance chômage (Cnac) pour la création de microentreprises culturelles.

Pour la ministre, ce dispositif, encadré par convention avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, permettra de créer une "synergie" et une "complémentarité" entre entreprises privées (créées par les bénéficiaires des prêts) et les subventions directes de l’Etat dans le secteur de la Culture. Plus généralement, poursuit la ministre, l’implication des professionnels de la culture passera en 2015 par l’organisation de "rencontres sectorielles" avec ces derniers, en remplacement des Assises nationales de la Culture, annoncées initialement pour la fin de l’année en cours. Cette modification dans la "forme" de rencontres avec les professionnels a été décidée pour garantir un aspect "opérationnel" et "pratique" de ces rencontres, selon elle.

Des rencontres préliminaires, visant à "établir un dialogue direct" entre les professionnels de la culture et leur tutelle en posant les "questions urgentes" pour le secteur avaient été organisées durant l’été 2014. Elle concernait les domaines des arts plastiques, du livre, du cinéma, des arts du spectacle, de la musique et du patrimoine culturel. La ministre a indiqué que des "plateformes" relatives à chaque domaine ont été élaborées par le ministère de la Culture à partir des "propositions" des professionnels et des axes du programme présidentiel (valorisation du patrimoine, soutien à l’industrie culturelle, accès des citoyens à la culture et formation), a indiqué Mme Labidi.

Destinés aux professionnels et devant servir de base de travail pour les prochaines rencontres, ces documents seront publiés sur le site Internet du ministère de la Culture "au premier trimestre 2015", a indiqué Mme Labidi. Outre ces démarches visant à impliquer davantage les acteurs sociaux pour l’année qui vient, la ministre a également annoncé une révision de la loi sur la protection du patrimoine culturel pour mettre en conformité le texte avec les "réalités du terrain" et les "engagements internationaux" de l’Algérie.

Une réflexion sur la procédure de ratification de la convention de l’Unesco sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles sera également engagée cette année, selon la ministre. Priée, par ailleurs, de réagir à des appels à la censure et à des menaces publiques récemment lancés contre des intellectuels algériens, la ministre de la Culture a jugé "intolérables" les "menaces adressées, a-t-elle cité, à Lyes Salem, à Kamel Daoud et à Meriem Bouzid-Sababou", respectivement cinéaste, romancier et journaliste, et anthropologue.

"La création artistique ou littéraire et la recherche scientifique ont des spécificités que nous devons protéger", a martelé la ministre dans ce chapitre. Mme Labidi a également jugé tout aussi "intolérable" de ne pas "respecter les valeurs nationales", estimant cependant que le fait de se "retrouver devant une intolérance ne saurait en justifier une autre". Pour la ministre, ces affaires renvoient à une "double exigence" : respect des "valeurs (identitaires, culturelles, religieuses) algériennes" et "liberté d’expression", dans le cadre de "la politique de concorde et de réconciliation nationale".

Patrimoine culturel: la loi 98-04 appelée à être revue La loi relative à la protection du patrimoine culturel de 1998 sera révisée pour mettre en conformité le texte avec les "réalités du terrain" et les "engagements internationaux" de l’Algérie, a affirmé la ministre de la Culture, Nadia Labidi. La ministre de la Culture a indiqué que des "réajustements" seront introduits dans la loi 98-04 sur la protection du patrimoine culturel, notamment en matière de "qualification des architectes" spécialisés dans la réhabilitation et la restauration des biens culturels.

Pour la ministre, il est nécessaire de mettre en place une commission chargée de "revoir les conditions d’habilitation" des architectes et de "créer des partenariats" avec les grandes écoles de formation dans ce domaine. Elle a justifié les retards dans la réalisation des projets de réhabilitation des sites comme la Casbah d’Alger, la vieille médina de Constantine ou les ksours du sud algérien par la rareté des bureaux d’étude spécialisés et d’architectes agréés dont le nombre est jugé "insuffisant". En matière de protection des biens culturels, Nadia Labidi a insisté sur "la nécessité d’établir un nouvel inventaire des biens culturels en Algérie", en précisant que cette opération était "déjà en cours".

Il est également "urgent" que le ministère de la Culture, dépositaire de la protection du patrimoine, introduise les "dispositions juridiques relatives à l’archéologie préventive" qui doit accompagner les grands chantiers d’infrastructure afin de protéger les vestiges archéologiques enfouis, a par ailleurs dit la ministre. Nadia Labidi a également exprimé la volonté de son département "de créer une synergie" autour de cet aspect afin de "protéger les biens culturels sans gêner ou bloquer les grands chantiers".


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