La Femme du ferrailleur est basée sur une histoire véridique. Mais attention, ça ne s’arrête pas là : les acteurs amateurs du film sont les vrais protagonistes de l’histoire en question, rejouant leurs propres rôles devant la caméra.
Plusieurs bonnes raisons de céder à la tentation d’un regard synoptique et forcément partiel sur les questions de misère et d’injustice que subi l’individu un peu partout de par le monde. Bien que les débats et les problèmes soulevés à l’aube de cette nouvelle ère ne soient pas tous réjouissants, ne cachons pas notre intérêt à réfléchir sur ces questions.
Intellectuels, artistes et politiques de bonne foi, se sont mis toujours au devant de la scène pour dénoncer ce marasme haut et fort. Des pays les plus riches aux pays les plus en difficulté, le vent de la globalisation et de l’impérialisme aveugle traverse la planète et met en exergue, aujourd’hui plus que jamais, la question centrale de la participation de tous au progrès et au bien-être de l’humanité.
Pour autant, l’émergence d’une société civile internationale dénonce les dangers que nous encourons, à côté des progrès colossaux accomplis qui risque de s’évaporer comme une goutte d’eau. C’est dans ce contexte que leréalisateur bosniaque, Danis Tanovic, a présenté samedi dernier dans la soirée son film intitulé La femme du ferrailleur, un drame social - tiré de faits réels - émouvant et dénonciateur de mauvaises conditions de vie.
Présentée en compétition officielle de la catégorie long-métrage de fiction du 5e Festival international du cinéma d’Alger (FICA) dédié au film engagé, cette oeuvre relate l’histoire d’une famille de Roms vit en milieu rural en Bosnie-Herzegovine. Senda, la mère, se rend un jour à l’hôpital pour traiter ses violentes douleurs abdominales. On lui apprend que le bébé qu’elle porte est mort et qu’elle risque à son tour une septicémie. Mais la famille n’a pas l’argent suffisant pour s’offrir l’opération nécessaire. Une course contre la montre commence alors pour le mari qui va tout faire pour la sauver.
Pendant 10 jours, Nazif fait tout pour sauver la vie de Senda, il commence par supplier le directeur de la clinique puis par ramasser un maximum de ferraille, dans des décharges sauvages parfois dangereuses, avant de se tourner vers les institutions et les associations pour convaincre les médecins de procéder à l’opération. La Femme du ferrailleur est basée sur une histoire vraie. Mais attention, ça ne s’arrête pas là : les acteurs amateurs du film sont les vrais protagonistes de l’histoire en question, rejouant leurs propres rôles devant la caméra.
On avance donc en terrain presque miné : difficile de déterminer ce qui tient du film en lui-même (du travail artistique donc) et ce qui relève de la vraie vie (et qui a priori n’a rien à voir avec ce qui nous intéresse ici). Là où ça se complique encore plus c’est que Tanovic filme tout cela caméra à l’épaule avec le plus grand réalisme, sans ajouter de pathos ou de suspens à une histoire qui n’en a déjà pas besoin. Les intentions sont bonnes, tout comme celles qui pavent l’enfer.
Avec un dialogue minimaliste dénué d’écriture cinématographique, ce film de 75 minutes restitue l’histoire vraie et émouvante du couple pour dénoncer, en plus du système de santé de cette société, les conditions de vie très rudes dans les villages. Né de parents bosniaques, Danis Tanovic est né le 20 février 1969 à Zenica en Bosnie- Herzégovine.
Il entre à l’Académie du Film de Sarajevo où il tourne quelques films d’étude avant que la guerre de Bosnie-Herzégovine n’éclate en 1992. Durant la Guerre en Bosnie, engagé dans l’armée de la République de Bosnie et d’Herzégovine, il tourne des images documentaires sur la ligne du front, puis organise les Archives du film des Forces bosniaques.
En 1994, il quitte sa terre natale pour la Belgique où il est admis en quatrième année à l’INSAS. Il obtient la nationalité belge quelques années plus tard. Son premier longmétrage No Man’s Land, huis clos entre un Serbe et un Bosniaque dans une tranchée durant la guerre de Bosnie, lui a valu le Prix du scénario à Cannes, le César du meilleur premier film et l’Oscar du meilleur film étranger.