La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a entamé depuis le sept du mois en cours une série de rencontres avec les différents acteurs culturels pour établir un état des lieux et "identifier les principaux problèmes" de la culture.
Ces réunions qui visent à "établir un dialogue direct" entre les professionnels de la culture et la tutelle concernent les arts plastiques, l’édition, le cinéma, le patrimoine culturel, les arts du spectacle et le Conseil national des arts et des lettres, successivement. Organisées sous forme de "réunions conviviales" sans "ordre du jour" préétabli, ces rencontres ont pour objectif d’"engager un dialogue" en posant les "questions urgentes" relatives au secteur de la culture et en recueillant les "propositions de solutions" à ses problèmes.
Après le passage les professionnels des arts plastiques, du cinéma et du livre, la ministre de la Culture Mme Nadia Labidi a donné la réplique lundi dernier au soir, à la Bibliothèque Nationale d’Alger, cette fois-ci avec les professionnels du théâtre et les chorégraphes qui ont exposé leurs préoccupations mais aussi les problèmes dans lesquels évolue le secteur.
A l’occasion, les professionnels du quatrième art ont esquissé un plan d’action pour redonner aux arts de la scène la place et le dynamisme qui étaient les leurs "il y a peine quelques décennies".
Les grandes lignes de ce plan de redressement ont été tracées par les professionnels des planches, venus en nombre, participer à leur tour aux consultations approfondies que le ministère de la Culture a lancé à la veille de la tenue prochaine de conférences nationales, prévues par discipline artistique, afin d’aboutir à l’élaboration d’une politique culturelle basée sur l’implication directe des concernés.
Les nombreuses propositions émises par les spécialistes du théâtre et de la chorégraphie qui ont répondu à l’invitation de la ministre de la Culture découlent de l’état des lieux peu reluisant établi par l’ensemble des intervenants du secteur. "La médiocrité" et "la régression" qui caractérisent aujourd’hui les arts de la scène ont entraîné une désaffection du public algérien, si "friand autrefois du théâtre de Alloula, Kaki ou Azzedine-Medjoubi" se sont accordé à souligner les artistes.
"Le théâtre algérien, d’essence populaire s’est vidé de son contenu, le public en mal d’identification ne se reconnaît plus dans ce qui se joue", a expliqué le comédien Abdelhamid Rabia. Cette absence du "texte" théâtral créatif et pertinent qui a entraîné l’absence du public, a été mise en exergue par l’assistance comme par la ministre de la Culture qui s’est demandé "comment mettre la complexité de la vie sur scène ?" mais également "comment amener le théâtre à l’école, à l’usine, à l’université ?" Ce marasme a été lié au manque de formation qui caractérise toutes les étapes de la création de l’écriture à la mise en scène.
L’absence de formation concerne également les métiers de costumier, maquilleur, constructeur de décors, a-t-il été indiqué. a souligné le dramaturge Slimane Benaïssa pour lequel "la barre doit de nouveau être orientée vers la culture nationale".
Revisiter le cadre juridique des professions de la scène, pour que les professionnels sortent du statut précaire qui est le leur, créer un terrain favorable pour l’éclosion de toutes les possibilités, redonner confiance au théâtre national, au lieu de faire "systématiquement appel aux artistes étrangers à l’occasion des fêtes nationales", et instaurer une transparence dans les fonctionnements du théâtre a été notamment proposé par l’assistance.
Développer le théâtre de proximité par la dynamisation des compagnies théâtrales ou encore en créant des Agences de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej) de la Culture sont quelques-unes des nombreuses propositions émises lors du débat très riche qui s’est instauré entre les professionnels de la scène et la ministre de la Culture. Les problèmes vécus par les chorégraphes, "parents pauvres" du secteur de la culture ont été longuement exposés et débattus lors de cette 4e rencontre qui précède celle du ministère et des musiciens qui clôturera ce premier cycle de débats entre le ministère et les artistes, demain.