Une soirée mémorable pour les fans de la légende de la musique moderne kabyle, ce mythique groupe qui a bercé des générations entières : Afous.
Un vibrant hommage leur a été rendu hier vendredi par l’association culturelle Asaka de Taourirt Mimoun d’ Ath-Yanni, et ce, au niveau de la maison de jeunes de la localité précitée, en présence d’une foule nombreuse et d’anciens artistes en général et ceux de la région en particulier. Le groupe Afous, évoque l’union, la fraternité. Afous, exprime aussi cette notion d’engagement pour revendiquer la réhabilitation de l’identité.
Cet attachement viscéral aux racines constituera la trame de fond de l’oeuvre de l’un des plus grands auteurs compositeurs interprètes de l’Algérie post-indépendance. Pourtant, rien ne prédestinait les membres du groupe, tous des frères, à une carrière aussi fulgurante, entièrement vouée au militantisme en faveur de l’identité amazigh, d’une Algérie prospère et de toutes les causes justes de part le monde.
Début des années 80, cinq frères qui portent le nom Amiréche passionnés de musique moderne - qui ont eu les Pink Floyd, et Beatles comme influences musicales, décidèrent sous la coupe du frère aîné Philippe de monter un groupe. Une manière pour eux d’associer leur style moderne à leur langue kabyle.
Un style nouveau qui a été vu au début comme étrange par la plupart des Algériens qui n’étaient pas habitués à cet univers musical. Ala question de savoir à quand remonte le début du groupe Afous, Bouboul, pensif d’abord, répond par un soulèvement d’épaules pour avouer juste après qu’il est incapable de le situer. Il a évolué dans un milieu artistique, il chantait autour de lui et ça plaisait. Puis, le groupe s’est constitué à l’insu même de ses membres.
"C’était un début long et difficile tant le groupe avait pour souci d’innover et de créer un style propre à lui". "Ainsi est née une légende qui s’adonnera, durant les seventies, à coeur joie, au plaisir des spectacles, à travers tout le pays et à l’étranger. Leur répertoire est d’une richesse inestimable".
De la vie sociale à l’immigration en passant par les sentiments, la spiritualité et la philosophie, Afous ont presque tout chanté. Ils enchaînèrent les chansons qui deviendront au fil du temps des légendes telles que A yadhu, Melha, Saw amane et ce, malgré les moyens qui faisaient défaut à leur début. Afous, une légende qui a assumé un parcours militant, tant en faveur des aspirations laborieuses que pour la défense des droits humains.
Contribution de la chanteuse kabyle Malika Domrane à l’occasion de l’hommage au groupe Afous : "De loin, alors que pour moi je suis toute proche, je me souviens du début des années 80, en particulier l’épanouissement de la chanson kabyle moderne. A cette époque, j’écoutais le groupe Afous dans ses belles mélodies. De plus, j’avais rencontré les membres artistes avec lesquels j’avais gardé de bons contacts.
Aujourd’hui, je lance un regard sur le passé artistique de notre pays, derrière moi , derrière nous, pour rappeler tant aux anciens qu’aux jeunes les belles chansons et musiques du groupe Afous. Je me fais plaisir à réécouter quelques titres. De mon côté, je rends hommage à Afous qui fut parmi les premiers à chanter moderne dans une kabylie en pleine mutation sociale et culturelle. Je me souviens de Philippe Amirèche, le maître à bord d’Afous et le poète d’Ath Saada Mouloud Mohand Ould l’Hadj, auteur de certains textes chantés par le groupe. Ils ne sont plus de ce monde. Paix à leur âme. Je salue les membres vivants en toute amitié.
Fidèle à mes habitudes, je continue de tendre la main aux hommes de culture et aux artistes de ma culture. Que vaut une femme, que vaut un homme, sans culture, sans sa culture, sans la culture de son jardin? Un grand salut aux artistes, artisans de la transmission des messages dans la langue et la culture du coeur aimant au sens large!"